Busard des roseaux

Conseil Biodiversité
Busard des roseaux posé sur le sol

Busard des roseaux © Emile Barbelette

Identification

C’est le plus grand des busards. Il s’agit d’un rapace de taille moyenne qui possède de longues ailes et une grande queue. Aussi massif que la buse variable, il s’en distingue par une tête et un corps moins gros, ainsi que par des ailes un peu plus longues, moins larges, avec des bords parallèles. L’extrémité des ailes est plus arrondie que chez celle des autres busards et teintée de noir tandis que le dessous des ailes est beaucoup plus foncé. La tête et le haut de la poitrine sont crème à roussâtre avec de fines stries foncées longitudinales. Le corps brun roux porte également des stries. La femelle, bien plus foncée, apparaît comme un oiseau très sombre. Toutefois, la face intérieure des rémiges est plus pâle que le reste et la queue va du gris au brun roux clair.

 

Envergure

 

112 à 130 cm

Poids

480g (mâle) - 610g (femelle)

Dimorphisme sexuel

Chez les busards, la femelle est, en général, plus foncée mais également plus massive, tandis que le mâle est plus petit et plus svelte. Il est facile de confondre les femelles du busard cendré et du busard Saint-Martin bien que cette dernière ait une tête plus grosse et une tâche blanche sur le croupion plus étendue. La femelle du busard des roseaux présente quant à elle la tête et les épaules jaune pâle.

Durée de vie

Survie apparente de 4-5 ans en Charente-Maritime, mais longévité jusqu'à 8 ans pour les mâles, 12 pour les femelles. Exceptionnellement, peut vivre jusqu'à 15 ans dans la nature.

Habitat

Grandes roselières, bordures des lacs et étangs, grandes baies, plus rarement champs de céréales ou plantations de jeunes arbres.

Alimentation

Rongeurs, petits oiseaux, batraciens, gros insectes, parfois des poissons, etc.

Reproduction

La femelle assure la couvaison de 3 à 6 œufs en moyenne, tandis que le mâle la nourrit, ainsi que les jeunes, au cours des premières semaines. La ponte a lieu, dans nos régions, vers la deuxième quinzaine d’avril (fin mars en Europe du Sud). Les poussins naissent au bout de 31 à 34 jours puis restent au nid environ 30 à 40 jours. Vers 55 jours, ils sont aptes à voler correctement mais restent dépendants environ cinq semaines après le premier envol.

 

Biologie et écologie

Utilisation des habitats

Il niche surtout dans les grandes roselières, donc en bordure des lacs, des étangs et des grandes baies, mais peut se contenter de petits massifs de roseaux, voire de roselières linéaires le long de canaux ou de cours d’eau.
Lorsque ces milieux font défaut, il peut nicher dans les landes plus ou moins humides, les plantations de jeunes arbres ou les plaines cultivées en céréales. Cette évolution relativement récente lui a permis de coloniser (de recoloniser ?) des secteurs dans le Nord – Pas-de-Calais, la Normandie, la Bretagne…

Roselière

Roselière © F. Dhermain

 

Régime alimentaire

Son régime alimentaire est très varié : rongeurs (petits campagnols essentiellement), petits oiseaux (souvent des jeunes mais parfois des râles ou des foulques adultes), amphibiens, lapereaux…

Reproduction

La reproduction se décline en quatre temps. Les partenaires, soit simultanément soit l’un après l’autre se territorialisent sur un site, exécutent des parades renforçant leurs liens tout en éloignant les concurrents, construisent un nid. Intervient ensuite la ponte et l’incubation laquelle incombe surtout à la femelle. Entièrement dépendants à la naissance, les poussins y restent (grosso modo un mois) tout en explorant la végétation alentour dès qu’ils savent marcher. Le premier envol ne signe pas l’autonomie du jeune. Bien au contraire. Il doit devenir un athlète et ne sait pas chasser. C’est durant cette quatrième et dernière période (grosso modo encore un mois) qu’il acquiert cette autonomie et indépendance en devenant cet athlète et en mettant en œuvre ses capacités de recherche de proies. Durant ce temps, les parents demeurent les protecteurs (notamment la femelle) et… les pourvoyeurs de nourriture !

L’installation

La parade nuptiale est spectaculaire. Le mâle, qui effectue de longs vols en rotation autour de leur territoire, effectue des piqués vers sa compagne, dont certains en spirale, et des pirouettes. Le mâle simule alors des attaques tandis que la femelle se retourne sur le dos, les pattes tendues, comme s’il s’agissait d’une transmission de proies.

Le nid

Située généralement dans une roselière, le nid est, comme pour les deux autres busards, construit au sol, par la femelle seule ou par le couple. Il est fabriqué à partir de tiges de roseaux, mais aussi parfois de branches de saules ou d’aulnes. Il est cependant nettement plus élaboré que celui de ( ?) plusieurs dizaines de centimètres, contrairement aux nids des deux précédents qui sont rudimentaires, notamment celui du busard cendré. Il arrive que les busards des roseaux aménagent une clairière en cassant des branches de roseaux, qui serviront ensuite à la construction du nid, autour de l’emplacement choisi. Il est également possible d’observer des plateformes secondaires destinées à servir de dortoir ou de lieux d’accouplement.

La ponte

C’est l’espèce de busard pour laquelle la ponte est la plus précoce (mi-avril, début mai). La femelle pond 3 à 6 œufs.

L’incubation

Elle commence avec le 1er ou le 2ème œuf et dure, en moyenne, de 31 à 34 jours. Les jeunes éclosent de façon échelonnée et il arrive que les derniers périssent quand la nichée est trop forte par manque de nourriture. C’est la femelle qui assure la couvaison.

L’élevage des jeunes

Les jeunes restent au nid 30 à 40 jours. Vers le 55ème jour environ, les oisillons sont aptes à voler correctement mais sont toutefois accompagnés pendant les 15 à 25 premiers jours, généralement par la femelle.

 

Distribution et effectifs

Distribution

C’est un rapace largement répandu dans le Paléarctique occidental. On le rencontre dans la majeure partie de l’Eurasie ainsi que dans les pays du Maghreb. Sa zone de répartition s’étend de l’Europe occidentale à l’Asie orientale, c’est-à-dire du Maroc et de l’Espagne jusqu’à l’île de Hokkaido, au Japon. La limite septentrionale de l’espèce se situe vers 58-60° de latitude. Deux populations ont été classées comme sous-espèces : celle d’Afrique du Nord (Circus aeruginosus harteri) et celle d’Asie orientale (Circus aeruginosus spilonotus) qui remplace la race nominale depuis le lac Baïkal et la Mongolie septentrionale.

Répartition mondiale Busard des roseaux

Répartition mondiale Busard des roseaux

En France, on le trouve sur la côte Atlantique depuis la pointe du Morbihan jusqu’en Gironde. Il est également ponctuellement présent dans le Nord mais aussi en région Centre jusqu’en Lorraine et en Alsace, en passant par l’Ile-de-France. On note également la présence de quelques noyaux de population le long de la Saône et sur la côte méditerranéenne.

Busard des roseaux (Thiollay & Bretagnolle, 2004 - Rapaces nicheurs de France, distribution, effectifs et conservation ; Ed. Delachaux & Niestlé)

Busard des roseaux (Thiollay & Bretagnolle, 2004 - Rapaces nicheurs de France, distribution, effectifs et conservation ; Ed. Delachaux & Niestlé)

Effectifs

 

Migration et hivernage

Migration d’automne : en route pour les quartiers d’hiver

La majeure partie de la population française est sédentaire, mais les nicheurs du Nord et de l’Est, depuis la Baie de Somme jusqu’au territoire de Belfort, sont en partie migratrice. La population d’Europe du Nord, du Centre et de l’Est migre vers l’Europe occidentale et surtout l’Afrique. Ils traversent généralement notre pays, et y laissent quelques hivernants. Le Busard des roseaux européen hiverne jusqu’en Afrique tropicale.

Migration de printemps : les nicheurs s’installent

La remontée prénuptiale débute à la fin mars et se poursuit jusqu’en mai.

Mue

La mue s’étend d’avril à octobre chez l’adulte. Chez la femelle, la mue commence avec la première primaire au début de la ponte tandis qu’elle commence un peu plus tard chez le mâle. Elle est irrégulière au niveau de la queue.

 

Menaces et statuts

Parmi les espèces mises en danger par les pratiques agricoles, les busards voient périr chaque année un grand nombre de leurs poussins dans les barres de coupe des moissonneuses-batteuses. En effet, l’envol des jeunes est souvent postérieur à la date des moissons ! Il est donc essentiel, pour protéger ces populations de busards, d’informer le monde agricole des dangers courus par cette espèce et de solliciter leur participation aux programmes de sauvegarde.

Menaces liées à l’Homme

Moissonneuse

Menaces naturelles

La prédation naturelle par les carnivores (renard, sanglier, etc.) et certains rapaces (milans notamment), est régulièrement observée.
La raréfaction de la ressource alimentaire est à l’origine de nichées moins précoces et moins importantes.

Statuts

Les busards, comme toutes les espèces de rapaces, sont protégés en France selon la loi du 10 juillet 1976 (arrêté d’application du 17 avril 1981).

De plus, les trois espèces (busard cendré, busard Saint-Martin, busard des roseaux) figurent en annexe I de la Directive « Oiseaux » (n°79/409 du 6 avril 1979). Cette directive européenne s'applique à tous les Etats membres de la Communauté depuis le 6 avril 1981. Elle vise à assurer la protection de toutes les espèces d'oiseaux désignées en annexe I de la dite Directive et elle permet la désignation de Zones de protection spéciales qui sont destinées à renforcer le réseau Natura 2000.
Ils figurent également en annexe II de la Convention de Berne qui a pour objet d'assurer la conservation, au niveau européen, de la flore et de la faune sauvages et de leurs habitats naturels, notamment des espèces et des habitats dont la conservation nécessite la coopération de plusieurs Etats.
De plus, en tant qu’espèces migratrices, la Convention de Bonn (82/461/CEE du Conseil, du 24 juin 1982) leur accorde un statut de protection à l'échelle mondiale. Comme l’ensemble des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction, les busards sont protégés par le CITES ou encore Convention de Washington. Cette « Convention sur le Commerce International des Espèces » est un accord international entre les Etats qui a pour but de veiller à ce que le commerce international des spécimens d'animaux et de plantes sauvages ne menace pas la survie des espèces auxquelles ils appartiennent.

 

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