Busard Cendré

Conseil Biodiversité
Busard cendré posé sur un poteau © C. Aussaguel

© Christian Aussaguel

Identification

Plus grand que le faucon crécerelle mais plus petit que la buse variable, il est le plus petit des trois espèces de busards d’Europe occidentale. Le mâle, qui présente un plumage gris avec les pointes des ailes noires et une barre alaire noire sur les rémiges secondaires, fait penser à un goéland. La femelle est brune dessus, chamois rayé dessous et possède un croupion blanc. Le busard cendré est un rapace plutôt mince. Ses ailes sont plus étroites que celles du busard Saint-Martin et plus pointues. Sa queue est plutôt grande (elle dépasse de beaucoup la largeur de l’aile). Le busard cendré est caractérisé par une silhouette fine, légère et élégante.

Envergure

97 à 115cm

Poids

295g (mâle) - 345g (femelle)

Dimorphisme sexuel

Chez les busards, la femelle est, en général, plus foncée mais également plus massive, tandis que le mâle est plus petit et plus svelte. Il est facile de confondre les femelles du busard cendré et du busard Saint-Martin bien que cette dernière ait une tête plus grosse et une tâche blanche sur le croupion plus étendue. La femelle du busard des roseaux présente quant à elle la tête et les épaules jaune pâle.

Durée de vie

7 nicheurs sur 10 survivent en moyenne jusqu'à l'année suivante. La longévité maximale notée en liberté est de 16 années.

Habitat

Savane en période d'hivernage. Landes, marais, friches, fourrage, céréales en France.

Alimentation

Rongeurs, petits oiseaux, insectes batraciens, reptiles, parfois des lapereaux…

Reproduction

La ponte a généralement lieu, dans nos régions, de la mi-mai à la mi-juin (dès la fin avril au Maroc). On comptera habituellement entre 3 et 5 œufs. L’incubation débute souvent dès la ponte du premier œuf et dure en moyenne 28 à 29 jours. Les poussins peuvent voler sur de courtes distances dès 30 jours. Ils demeurent dépendants des parents entre 25 à 30 jours après l’envol.

Voix

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Biologie et écologie

Utilisation des habitats

Le busard cendré est habituellement un oiseau des milieux ouverts (steppes, plaines, collines, petites montagnes…). La localisation au sol de leurs nids les incitent à privilégier les zones possédant une couverture herbacée relativement haute et dense de manière à les dissimuler au regard des prédateurs. Les steppes, les landes basses, moyennes ou hautes ainsi que les tourbières offrent ce type de milieu. Cependant, la raréfaction des espaces naturels a encouragé l’espèce, ainsi que les deux autres busards d’Europe, à s’adapter à d’autres milieux. C’est pourquoi, depuis le milieu du XXème siècle, on peut observer ces rapaces dans les espaces cultivés. De nos jours, dans la majorité des régions françaises, le busard cendré fréquente les prairies pâturées ou fauchées, et surtout les champs de céréales (blé ou orge) ou de colza. Il est également de plus en plus courant de le voir nicher dans ces espaces. Cette adaptation entraîne donc la colonisation de nouvelles régions, tandis que l’intensification de l’agriculture se révèle devenir un danger pour l’espèce.

Escourgeons

Escourgeons © J.L. Bourrioux

Moissons

Régime alimentaire

En France, il se nourrit essentiellement de petits rongeurs ou insectes, sa petite taille, ainsi que son type de vol et les milieux fréquentés limitant la taille de ses proies.

Busard cendré mâle

Busard cendré mâle © F. Cahez

Reproduction

La reproduction se décline en quatre temps. Les partenaires, soit simultanément soit l’un après l’autre se territorialisent sur un site, exécutent des parades renforçant leurs liens tout en éloignant les concurrents, construisent un nid. Intervient ensuite la ponte et l’incubation laquelle incombe surtout à la femelle. Entièrement dépendants à la naissance, les poussins y restent (grosso modo un mois) tout en explorant la végétation alentour dès qu’ils savent marcher. Le premier envol ne signe pas l’autonomie du jeune. Bien au contraire. Il doit devenir un athlète et ne sait pas chasser. C’est durant cette quatrième et dernière période (grosso modo encore un mois) qu’il acquiert cette autonomie et indépendance en devenant cet athlète et en mettant en œuvre ses capacités de recherche de proies. Durant ce temps, les parents demeurent les protecteurs (notamment la femelle) et… les pourvoyeurs de nourriture !

Accouplement de busards cendrés

Accouplement de busards cendrés © F. Cahez

L’installation

Les parades nuptiales ressemblent beaucoup à celles du busard des roseaux, même si le busard cendré fait preuve de plus de virtuosité. Le busard se laisse parfois tomber en « feuille morte » de quelques dizaines de mètres, avant d’effectuer des retournements, des vrilles ou simplement des ondulations (vol dit « en festons »). Ces vols particuliers sont appelés des danses aériennes élevées et sont accompagnés de cris aigus.

Le nid

Busard cendré

Le mâle propose des sites de pose à sa femelle au moyen de site de pré-nidification. Le nid est ensuite construit à même le sol dans une végétation permettant de le dissimuler au regard des prédateurs terrestres ou volants. Cette végétation doit être assez haute (70 à 100 cm) et assez dense, mais sans avoir la rigidité et la hauteur d’une roselière à phragmites. La femelle apporte sur le sol des tiges ou des brindilles sèches de faible section, qu’elle dispose de manière circulaire, aménageant une plateforme de 25 cm de diamètre environ, mais peu épaisse, sauf si le nid est humide ou inondé. Ce nid restera inchangé durant toute la période de nidification jusqu’à l’envol des jeunes.

La ponte

Elle débute vers la deuxième quinzaine de mai dans nos régions, plus tôt dans les pays du sud (Maroc et Espagne). En France, elle s’échelonne de la fin avril à la mi-mai selon la latitude. Blancs et sans tâches, les œufs (entre 3 et 5) sont pondus tous les deux jours.

L’incubation

Elle débute habituellement dès la ponte du premier œuf, d’où un décalage dans l’éclosion des poussins et leur taille relative. L’incubation dure en général 28 à 29 jours par œuf, parfois plus. C’est la femelle qui assure la couvaison.

L’élevage des jeunes

Les jeunes sont aptes au premier vol vers 30 jours. Selon la configuration du nid, le premier envol est plus ou moins retardé. Ensuite, le nid ou ses abords restent le point d’attachement du jeune encore dépendant des parents de 25 à 30 jours.

Distribution et effectifs

Distribution

Le busard cendré se reproduit depuis les côtes d’Afrique du Nord, en Europe, en Russie et jusqu’en Asie centrale. L’espèce est monotypique, c’est-à-dire qu’elle ne se divise en aucune sous-espèce. Bien qu’il n’y ait pas de discontinuité, deux populations géographiques sont distinguées essentiellement par leur zone d’hivernage : la population européenne (incluant la partie européenne de la Russie) qui hiverne en Afrique et la population asiatique, depuis la mer Caspienne jusqu’à l’Ouest de la Sibérie, le Kazakhstan et l’Asie centrale, dont l’aire d’hivernage est la péninsule indienne.

Répartition mondiale Busard cendré

Répartition mondiale Busard cendré

En France, le busard cendré présente différents bastions de population, avec plusieurs régions administratives où les effectifs sont supérieurs à quelques centaines de couples : le Poitou-Charentes en premier lieu (noyau auquel se rattache la Vendée), la Champagne-Ardenne et la Lorraine et une troisième zone qui s’étend du Massif central au Roussillon. Les départements du Nord, le Pas-de-Calais, la Somme, l’Oise et la Manche ont retrouvé de petites populations, tandis que la Corse a enregistré sa première nidification en 1986, colonisation confirmée tout au long des années 1990.

Busard cendré (Thiollay & Bretagnolle, 2004 - Rapaces nicheurs de France, distribution, effectifs et conservation ; Ed. Delachaux & Niestlé)

Busard cendré (Thiollay & Bretagnolle, 2004 - Rapaces nicheurs de France, distribution, effectifs et conservation ; Ed. Delachaux & Niestlé)

Effectifs

 

Migration et hivernage

Migration d’automne : en route pour les quartiers d’hiver

Dès la fin du mois d’août et le début du mois de septembre, les busards cendrés entament leur migration vers l’Afrique. Empruntant une large voie, ils passent par le détroit de Gibraltar mais également par le Cap Bon en Tunisie et traversent le ciel italien et maltais. Ils s’installent ensuite pour hiverner dans une zone qui s’étend latitudinalement entre 6 et 17° environ, au sud du Sahara. Cet espace correspond encore à l’Afrique des moussons et est soumise aux variations de la zone de convergence intertropicale qui entraîne avec elle une grande humidité relative. Sur le plan de la végétation, on se situe alors dans le domaine des forêts tropicales denses et des forêts claires. Cependant, l’action de l’Homme (notamment la pratique des feux de brousse) a transformé ce milieu en une zone de savanes arborées que les busards affectionnent particulièrement en raison de l’ouverture du milieu et de la présence de zones humides favorisées par le climat. Ainsi, on peut observer les busards cendrés aux abords des prairies humides, des rizières (comme les champs de riz du delta du Sénégal) et en bordure des zones inondées. Enfin, la zone d’hivernage du busard cendré s’étend également vers le sud jusqu’à la province du Cap en Afrique du Sud, d’où un important gradient latitudinal.

Migration de printemps : les nicheurs s’installent

Les trajets de retour s’effectuent par les mêmes points que ceux de départ, mais avec des effectifs proportionnellement inversés. Ainsi, il semblerait que les busards cendrés effectuent une migration de type circulaire dans la moitié nord du continent africain, descendant à l’automne par Gibraltar et remontant au printemps de manière majoritaire par la Cap Bon (Tunisie) mais plus rarement par le Proche-Orient, comme le montrent les comptages migratoires à Eilat (Israël). A son retour d’Afrique tropicale, le busard cendré est le dernier des trois busards à retrouver son lieu de nidification. On observe son retour au-dessus des détroits méditerranéens à partir du 20 mars et pendant tout le mois d’avril.

Mue

Le cycle complet de la mue s’étend sur 6 à 8 mois. Elle est particulièrement visible au niveau des rémiges. Chez la femelle, la mue commence pendant l’incubation et se termine lors de l’hivernage.

 

Menaces et statuts

Parmi les espèces mises en danger par les pratiques agricoles, les busards voient périr chaque année un grand nombre de leurs poussins dans les barres de coupe des moissonneuses-batteuses. En effet, l’envol des jeunes est souvent postérieur à la date des moissons ! Il est donc essentiel, pour protéger ces populations de busards, d’informer le monde agricole des dangers courus par cette espèce et de solliciter leur participation aux programmes de sauvegarde.

Menaces liées à l’Homme

Moissonneuse

Menaces naturelles

La prédation naturelle par les carnivores (renard, sanglier, etc.) et certains rapaces (milans notamment), est régulièrement observée.
La raréfaction de la ressource alimentaire est à l’origine de nichées moins précoces et moins importantes.

Statuts

Les busards, comme toutes les espèces de rapaces, sont protégés en France selon la loi du 10 juillet 1976 (arrêté d’application du 17 avril 1981).

De plus, les trois espèces (busard cendré, busard Saint-Martin, busard des roseaux) figurent en annexe I de la Directive « Oiseaux » (n°79/409 du 6 avril 1979). Cette directive européenne s'applique à tous les Etats membres de la Communauté depuis le 6 avril 1981. Elle vise à assurer la protection de toutes les espèces d'oiseaux désignées en annexe I de la dite Directive et elle permet la désignation de Zones de protection spéciales qui sont destinées à renforcer le réseau Natura 2000.
Ils figurent également en annexe II de la Convention de Berne qui a pour objet d'assurer la conservation, au niveau européen, de la flore et de la faune sauvages et de leurs habitats naturels, notamment des espèces et des habitats dont la conservation nécessite la coopération de plusieurs Etats.
De plus, en tant qu’espèces migratrices, la Convention de Bonn (82/461/CEE du Conseil, du 24 juin 1982) leur accorde un statut de protection à l'échelle mondiale. Comme l’ensemble des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction, les busards sont protégés par le CITES ou encore Convention de Washington. Cette « Convention sur le Commerce International des Espèces » est un accord international entre les Etats qui a pour but de veiller à ce que le commerce international des spécimens d'animaux et de plantes sauvages ne menace pas la survie des espèces auxquelles ils appartiennent.