Description de l’espèce
Identification
Plumage brun-roussâtre strié de noir. Le dimorphisme sexuel est très faible (bleu plus prononcé sur la tête et la poitrine pour les mâles). Les poussins naissent couvert d’un duvet noir.
Biométrie
Taille : 27-30 cm - Envergure : 46 à 53 cm - Poids : 139-196 g pour les femelles et 140-235 g pour les mâles.
Taux de survie et durée de vie
Le taux de survie interannuel est de 20-30%.
La durée de vie maximale recensée est de 6 ans.
Comportement
Les Râles des genêts sont peu visibles, préférant se déplacer à couvert dans les herbes hautes. Les individus sont généralement solitaires mais il existe une attraction sociale avec une tendance des mâles à s’installer à proximité d’autres mâles. Les individus sont actifs le jour et les mâles visitent régulièrement les territoires voisins. Le soir les mâles rejoignent leur poste de chant, souvent un élément (roche, branche…) leur permettant de se surélever. Les mâles se tiennent à ce poste toute la nuit pour attirer les femelles par leur chant (krex, krex répétés). Les mâles non appariés chantent de manière continue, principalement entre 23h et 2h du matin.
Régime alimentaire en période de reproduction
Insectes de taille supérieure à 10 mm et leurs larves (coléoptères principalement), gastéropodes, aranéides, vers de terre, végétaux.
Mue en zone de reproduction
Les Râles des genêts réalisent une mue postnuptiale simultanée des rémiges et des rectrices qui les rend incapables de voler pendant quelques temps. Cette mue s’étend de mi-août à mi-septembre chez les femelles avec un retard noté pour les nicheuses tardives.
Habitat
Habitat principal sélectionné en France
Les Râles sont très majoritairement recensés dans les prairies de fauche des plaines alluviales, mais également dans les prairies d’altitude comme dans les Alpes.
Autres habitats sélectionnés
Cultures de luzerne, de carvi, de colza et de céréales comme le blé, lits d’orties et patches d’iris, jachères, prairies non utilisées, parcelles agricoles abandonnées.
Caractéristiques des prairies sélectionnées
Prairies hygrophiles composées de Alopecurus geniculatus, Phalaris arundinacea, Heleocharis uniglumis, Mentha aquatica, Caltha palustris, Stelaria palustris, Carex sp., Rumex, Euphorbia, Mentha, Trifolium, Oenanthe, Achillea … Une certaine hauteur de couvert est nécessaire (0,60-1,20 m pour la strate haute et 40- 45 cm pour la strate basse), bien qu’une végétation trop dense et des hauteurs de litière trop élevées soient évitées, probablement car entravant leurs déplacements. Ce qui pourrait expliquer la sélection de prairies fauchées régulièrement.
La présence de végétation haute est un facteur important pour le choix de l’habitat à l’arrivée des mâles, et dans l’évolution de la sélection d’habitat au cours de la saison.
Eléments structuraux sélectionnés
Un relief hétérogène, les fossés et les bords de prairies sont sélectionnés par les femelles. Les fossés et les arbustes semblent sélectionnés par les mâles.
Reproduction
Les Râles des genêts présentent un système de polygamie successive pour la réalisation de deux nichées au cours de la saison de reproduction.
Détection de l’appariement
Pour un suivi d’au moins deux nuits consécutives, le moment et la durée des chants sont de bons indicateurs pour détecter des appariements. Un mâle seul chantera plus de 90% de la nuit. Un mâle apparié chantera près de 10% de la nuit ainsi qu’à l’aube et le jour.
De la formation du couple à l’indépendance des poussins
Les couples s’associent généralement pour plusieurs jours et se séparent ensuite au début de la ponte. Une dizaine d’œufs sont pondus et sont couvés par la femelle pendant 17-18 jours. Les juvéniles, nidifuges, quittent le nid un à deux jours après l’éclosion. La durée des soins apportés par la femelle est d’environ 18 jours, mais si les juvéniles deviennent indépendants à cet âge ils restent encore non volants. Les départs du site de naissance ont lieu lorsque les juvéniles atteignent un âge compris entre 36 et 55 jours, avec un âge moyen de 44 jours. Cet âge moyen correspond à celui auquel les juvéniles voient leurs rémiges primaires formées complètement. Les juvéniles indépendants mais non volants ont été localisés entre 150 et 600 m du poste de chant de leur père, tandis que les juvéniles volants de plus de 45 jours ont été localisés à plus de 800 m de leur père.
Nids et leur localisation
Les nids forment une coupe faite d’herbes sèches, de 12-15 cm de diamètre et de 3-4 cm de profondeur. Très peu d’informations sont connues quant à la localisation des nids et à leur distance au poste de chant des mâles. Pour les neuf couples suivis par télémétrie par Tyler et Green (1996), les nids ont été localisés à des distances comprises entre 45 et 160 mètres du poste de chant occupé par le mâle.
Calendrier de la reproduction
Les pontes sont initiées de début mai à fin juillet et la totalité des juvéniles nés lors d’une saison de reproduction n’est souvent capable de voler qu’à la mi-septembre.
Distribution et migration
Aire de distribution en saison de reproduction
La zone de reproduction s’étend sur une large partie de l’Europe et du nord de l’Asie.
Distribution hivernale
Les zones d’hivernage se situent majoritairement dans le sud-est de l’Afrique, avec des zones plus occidentales détectées par des suivis de quelques individus par GLS et baguages depuis l’ouest de l’Europe.
Pour les individus nichant en France, il n’existe à ce jour aucune certitude sur la voie de migration empruntée et leur zone d’hivernage.
Mobilité et dispersion
Déplacements intra-saisonniers
Si certains individus se déplacent uniquement d’une centaine de mètres au cours de la saison de reproduction, des déplacements individuels à des distances de 10 à 600 km ont également été observés et semblent fréquents. Dans les Alpes, avec l’avancée de la saison, un report des individus est soupçonné d’altitudes basses vers des altitudes plus hautes.
Fidélités aux sites
Si d’une année à l’autre certains individus reviennent proche de leurs sites de nidification précédente ou de naissance, la fidélité au site de nidification reste discuté et est très faible à certains endroits. Un suivi par balise Argos d’un individu a montré que 350 km pouvaient séparer les sites de nidifications de deux années consécutives.
Effectifs et dynamiques des populations
- Population mondiale estimée en 2016 : 3 à 7 millions de mâles chanteurs (BirdLife International, 2016)
- Population française estimée en 2020 : 223 mâles chanteurs (données PNA).
- Effectifs français des années 1980 : 2 450 mâles chanteurs (Broyer, 1985)
En quelques dizaines d’années, la population française a connu un déclin majeur de son effectif et une rétractation des individus dans quelques zones, alors qu’elle était répartie sur l’ensemble du territoire.
Menaces en zone de reproduction
Intensification de l’agriculture
Les fauches précoces, rapides et simultanées provoquent la destruction directe des nids et des juvéniles non volants, puis moins intensément la mortalité des adultes. Elles induisent aussi la perte du couvert nécessaire aux individus jusqu’à la fin de la période de reproduction.
Disparition des prairies et des zones humides
La disparition des habitats des Râles des genêts est due à l’artificialisation des sols, la régulation des crues, les conversions en cultures de maïs, tournesol ou céréales, l’abandon des prairies…
Autres menaces moins étudiées
Changement climatique, inondations des nichées notamment par des crues printanières.
En période de migration et d’hivernage les menaces restent non étudiées hormis des chasses aux filets réalisées sur des voies migratoires et touchant les Râles des genêts.
Statut de protection
- International : protégée par la Convention de Berne.
- Union Européenne : classée sur l’Annexe 1 de la Directive Oiseaux.
- France : protégée en application des articles L-411.1 et L-411.2 du code de l’environnement par l’arrêté du 29 octobre 2009, instaurant une protection des oiseaux, des œufs et des nids ainsi que des aires de repos et des sites de reproduction de l’espèce.
Etat de conservation
- Statut mondial : « Préoccupation mineure » (BirdLife International, 2016).
- Statut national : « En Danger » (MNHN, 2021).
- Statuts régionaux : « En danger critique » dans les régions où l’espèce persiste, à l’exception des Pays-de-la-Loire où l’espèce est « en danger » (MNHN, 2021).
Programmes de conservation en France
- Programmes LIFE : en 1997 et en 2011.
- Plan National d’Action : en 2005 reconduit en 2014 et prévu en 2022.
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Fiche rédigée par la LPO Anjou