- Passer montanus
- Classe des Oiseaux
- Ordre des passériformes
- Famille des Passeridés
Présentation
Le Moineau friquet est la seconde espèce de moineau qu'un francilien peut rencontrer lors de ses balades naturalistes.
Difficile à différencier de son cousin le Moineau domestique, il s'en distingue néanmoins par sa calotte et sa nuque brun chocolat, et non grises, ainsi que par ses petites taches auriculaires noires sur ses joues blanches.
Ne cherchez pas à en savoir plus sur sa situation sociale puisque quel que soit son âge ou son sexe, les individus arborent le même plumage.
Un Piaf énigmatique
Pour l'identifier, son comportement peut également vous mettre sur la piste. En effet, il est très remuant, tout du moins bien plus que le Moineau domestique. D'ailleurs friquet en vieux latin signifie vif, éveillé (LIVORY).
Il existerait deux origines au nom de Moineau : la première proviendrait de la couleur de son plumage rappelant la robe de bure des moines ; la seconde, plus complexe mais aussi plus probable serait issue de moisnel, diminutif de moissonel, lui-même dérivé de moisson qui proviendrait du latin musca signifiant mouche (pour faire simple !).
En effet, son comportement turbulent autour des maisons et des bovins rappelle celui des essaims d'insectes harcelant le bétail.
Quant au nom scientifique, Passer montanus, il peut se traduire par « Moineau des montagnes », c'est-à-dire là où on ne le trouve pas, puisque qu'au-delà de 1000m, notre moineau se fait plus rare.
Ainsi, l'étymologie semble encore conserver quelques secrets.
Il est également possible de l'identifier en tendant l'oreille. Ses cris ressemblent beaucoup à ceux du Moineau domestique, cependant ils sont plus forts et plus mélodieux. Et, contrairement au domestique, le friquet chante de petites phrases rudimentaires rappelant les vocalises du Bruant des roseaux (GÉROUDET).
Où le trouver ?
Comme le Moineau domestique, le friquet est originaire des steppes. Ils ont tous deux profité de l'expansion de l'homme pour étendre leurs aires de répartition.
Aujourd'hui, notre fringuant moineau possède une large répartition géographique allant des Îles Britanniques au Japon, où il a cependant été introduit à de nombreux endroits.
En France, il se rencontre sur l'ensemble du territoire, mais de façon discontinue, et jamais de façon très abondante (YEATMAN-BERTHELOT & JARRY).
En Île- de-France, LE MARECHAL & LESAFFRE l'indique présent sur l'ensemble de la région.
Contrairement à son cousin le Moineau domestique, responsable des ambiances si caractéristiques des zones urbanisées, allant des fermes aux bosquets des plus grandes agglomérations, le Moineau friquet est un rural. Il fréquente les lisières de bois, les parcs et vergers et plus particulièrement les vieux arbres écorchés riches en cavités. En Île-de-France, on le retrouve aux abords des zones urbaines, dans lesquelles il ne s'aventure que très rarement.
Reproduction tout en douceur
Comme nous l'avons vu, contrairement au Moineau domestique qui possède un fort dimorphisme sexuel, les Moineaux friquet mâle et femelle se parent d'un plumage identique. Les conditions d'appariement sont donc probablement différentes entre ces deux espèces.
La formation du couple chez le friquet semble s'établir progressivement et simplement sur les dortoirs (GÉROUDET). En effet, pour passer les nuits fraîches d'automne et d'hiver, les friquets se regroupent en petit nombre (2 à 5) au sein de cavités d'un arbre ou d'un mur. La fidélité au dortoir permet aux oiseaux de se familiariser les uns avec les autres. Ainsi, quand arrive le printemps, les couples se formeraient naturellement, selon cette cohabitation. Puis, la cavité utilisée comme dortoir en hiver deviendrait le nid du couple l'ayant occupé.
Les oisillons
En mars ou avril, les oiseaux s'attellent à la construction du nid, où ils ne passent plus leurs nuits. Il n'est pas rare qu'un couple choisisse de s'installer au sein des aires de Milans, de Buses ou de Hérons.
La ponte a lieu en général vers la mi-avril, et comporte en moyenne de 4 à 6 œufs blancs couverts de taches brunes.
L'incubation dure 11 ou 12 jours. Les deux parents vont alors nourrir activement les jeunes jusqu'à ce que ceux-ci quittent le nid deux semaines après leur éclosion.
Malgré tous ces soins, la mortalité des jeunes est relativement élevée. Cependant, elle est compensée par une seconde reproduction ayant lieu sur le même nid, préalablement réaménagé.
Les couples vont parfois jusqu'à tenter de réaliser une troisième couvée. Les jeunes sortent alors du nid vers la mi-août.
À la suite de la saison de reproduction, les jeunes et les adultes se regroupent en bande plus ou moins dense pour arpenter les campagnes. Ils se retrouvent parfois en association avec des verdiers, bruants ou pinsons.
Les jeunes plus erratiques iront jusqu'à s'installer à des kilomètres de leur lieu de naissance.
Ceci à pour conséquence d'augmenter les flux génétiques entre populations et donc de limiter la consanguinité au sein des différents groupes.
Les adultes, fidèles à leur lieu de reproduction, retourneront occuper leur cavité nuptiale à l'abri du froid et de la pluie pour y passer l'hiver.
Nourriture écologique...
Le friquet possède dans les grandes lignes le même régime alimentaire que le Moineau domestique. Cependant il consomme moins de céréales, et davantage d'insectes ou de graines de plantes sauvages souvent catégorisées comme "mauvaises herbes".
Évolution démographique
Les résultats du programme national du Suivi Temporel des Oiseaux Communs par Echantillonnages Ponctuels Simples (STOC-EPS) mené par le Centre de Recherches par le Baguage des Populations d'Oiseaux (C.R.B.P.O.) indiquent une forte diminution des effectifs de Moineau friquet depuis 1989 (-33%). Cependant ce déclin alarmant semble s'effacer pour laisser apparaître une relative stabilité des populations depuis 2001.
En Île-de-France, les données de l'Observatoire Régional des Oiseaux Communs (OROC) montre un déclin d'environ 16% entre 2004 et 2008 sur la région.
Ces tendances ne sont pas exclusives à la France, puisqu'ailleurs en Europe (Grande-Bretagne et Allemagne), des évolutions comparables sont observées.
Ces évolutions négatives renforcent l'inscription du friquet à l'article 1 de l'arrêté du 17 avril 1981 qui lui confère une protection totale en France.
Il apparaît également sur l'annexe III de la Convention de Berne qui liste les espèces protégées dont l'exploitation est réglementée.
Cause du déclin
Les causes du déclin observé chez le Moineau friquet sont encore mal connues. Cependant plusieurs hypothèses peuvent être émises :
- L'augmentation de l'utilisation des herbicides et insecticides serait responsable de la diminution des ressources alimentaires du friquet (insectes, graines, "mauvaises herbes"…) ;
- Les politiques d'aménagement des paysages agricoles de ces dernières années auraient provoqué une raréfaction des cavités utilisées pour la reproduction (disparition des haies, élimination des arbres morts, diminution des vergers traditionnels …) ;
- Les poteaux téléphoniques ouverts en métal sont des pièges mortels pour l'avifaune. En Seine-et-Marne, une étude (1992) révèle que 8% des victimes sont des Moineaux friquets. Néanmoins, les poteaux nouvellement fabriqués sont inoffensifs car ils sont maintenant obturés en usine.
Que faire ?
Évidemment, la mise en place de politiques agricoles moins intensives favorisant le développement des "mauvaises herbes" et des insectes, sources principales d'alimentation de notre moineau, lui offrirait un habitat plus accueillant.
Mais, à plus petite échelle, chacun peut exclure de ses habitudes l'utilisation d'insecticides ou d'herbicides dans nos jardins. Il est également possible de lui offrir de nouvelles cavités de reproduction en installant des nichoirs. Encore faut-il que l'environnement lui convienne.
Si ce n'est pas le cas, votre nichoir pourra toujours accueillir d'autres espèces, en commençant par son plus proche cousin, qui nous a accompagné tout au long de cette description, le Moineau domestique.
Pour en savoir plus :
LE MARECHAL P., LESAFFRE G. (2000). Les Oiseaux d'Île-de-France. L'avifaune de Paris et de sa région. Delachaux et Niestlé. Paris. 343 p.
GEROUDET P. (1980). Les Passereaux III : des pouillots aux moineaux. Delachaux et Niestlé. Paris. Neuchâtel. 287 p.
LIVORY A. (1985). Essai sur les noms français des oiseaux d'Europe et sur leur étymologie. Groupe Ornithologique Normand, Université de Caen. 330 p.
YEATMAN-BERTHELOT D., JARRY G. (1995). Nouvel Atlas des Oiseaux nicheurs de France 1985-1989. Société Ornithologique de France. Paris. 774 p.
Fiche rédigée par les adhérents de la LPO Île-de-France
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