Martin-pêcheur

Conseil Biodiversité

Madame porte du rouge à lèvres

Le Martin-pêcheur (l'Alcyion des anciens grecs) mesure environ 16 cm, pour une envergure de 25 à 28 cm et un poids de 30 à 44 grammes.
Le dessus de sa tête, ainsi que son dos et sa queue sont bleu-vert, foncé ou brillant selon les endroits. Ses joues, comme sa poitrine et son ventre, sont roux-orangé vif. Ses pattes sont rouges.
Le bec du mâle est entièrement noir tandis que les deux tiers de la mandibule inférieure sont rose chez la femelle.

Les jeunes arborent un plumage plus terne. Le devant du tarse et la partie supérieure des pattes sont brun-foncé ou noirâtre. Les plumes de la poitrine sont orange, avec des taches brunes, formant souvent des bandes foncées. Leurs moustaches sont brun-verdâtre foncé, mêlé de bleu. Leur bec est terminé par une pointe blanchâtre.

Un pêcheur rare et protégé

Le Martin-pêcheur est considéré comme espèce affaiblie en Europe (moins de 160 000 couples). Après un déclin modéré (entre 1970 et 1990), sa population s'est peu à peu stabilisée durant les années 1990 à 2000. L'espèce figure dans la "Directive oiseaux" et sa présence sur un site justifie donc la création d'une Zone de Protection Spéciale (Zone Natura 2000).

La population française est en sécurité, avec environ 10 000 couples.

L'espèce est protégée en France comme en Europe. Il est interdit d'en tuer un individu. La destruction, la capture et la détention d'un Martin-pêcheur, comme celle de ses œufs ou de son nid, constituent des délits.

Beau… mais chanteur médiocre !

Avant même de voir l'oiseau, c'est souvent à son cri habituel que l'on repère le Martin-pêcheur. Il s'agit d'un son bref "Thit", perçant et prolongé. Paul Géroudet signale aussi un "Trip" vibrant et des "Tzutt tzutt" d'alarme.

Ces cris sont parfois combinés en une succession de sons grinçants et sifflants, pour composer un chant rudimentaire.

Un petit poisson, un petit oiseau…

S'il arrive au Martin-pêcheur d'ingurgiter un lézard, un jeune batracien, des insectes, ou des crevettes et autres écrevisses, ce sont les petits poissons (entre 4 et 7 cm) qui forment l'essentiel de ses repas. Il en consomme environ 20 grammes par jour, soit une dizaine de poissons. Cela représente un taux de prélèvement minime au regard de la biomasse piscicole.

Berge, sweet berge

Le Martin-pêcheur est observable tout au long de l'année. Les adultes nicheurs sont généralement sédentaires. Ils sont rejoints, dès le mois de septembre et jusqu'au printemps, par des oiseaux en provenance des Pays-Bas, de Belgique, d'Allemagne, de Suisse, d'Autriche ou de Tchécoslovaquie.

Dès la fin de l'hiver, les couples se cantonnent sur les sites de nidification. Les parades débutent, composées de poursuites en vol, accompagnées de cris aigus.

L'offrande frétillante. Illustration

L'offrande frétillante. Illustration © A. Nouailhat / LPO IDF

Bientôt ils creuseront un terrier en pente, d'environ 60 cm de long, dans une portion de berge abrupte, composée de terre meuble (ou bien en réaménageront un ancien nid) pour y pondre.

Un couple moderne

Les premières pontes apparaissent dés le début de la seconde quinzaine de mars. L'incubation dure entre 24 et 27 jours.

Les jeunes demeurent ensuite au nid durant environ un mois avant leur envol. Une seconde ponte a souvent lieu, suivi parfois d'une troisième (une quatrième ponte est exceptionnelle). Des jeunes peuvent ainsi occuper le nid jusqu'en septembre.

Au fil des ans, les mêmes secteurs sont réoccupés, mais rarement par les mêmes individus.

Même si l'espèce est généralement fidèle durant la saison et d'une année sur l'autre, il est existe de nombreux accrocs au "contrat de mariage". On a ainsi observé des cas de bigamie, des divorces et mêmes des changements de partenaire au cours d'une même saison de nidification.

Martin-pêcheur

Martin-pêcheur © J.-M. Fénerolle / Corif - LPO IDF

Pas de Tanguy à la maison !

Quelques jours après leur premier envol, les jeunes sont instamment priés de quitter le territoire parental. La tolérance des adultes à leur égard est d'autant plus brève qu'une autre nichée se prépare. On peut ainsi observer des immatures dés le mois de mai, en dehors de tout territoire de reproduction. Ils ne reviendront pas s'installer à proximité de l'endroit où il sont nés, même si un canton de nidification potentiel est vacant.

Les adultes, quant à eux, quittent le territoire de nidification une fois la dernière couvée autonome. Leur dispersion reste toutefois plus faible que celle des jeunes et ne dépasse pas quelques kilomètres.

Martin-pêcheur

Martin-pêcheur © D. Attinault / Corif - LPO IDF

Un petit coup de main

Si le Martin-pêcheur s'installe généralement dans des berges "naturelles", il lui arrive aussi de nicher dans des secteurs plus artificiels, tel que les poteaux pourris, les tuyaux, les fissures de rochers ou les piles d'un pont, voire les nichoirs artificiels. On peut donc l'aider en plaçant un nichoir dans une berge en terre ou même entre les palplanches qui bordent un cours d'eau.

© LPO Île-de-France

Il est aussi possible de creuser soi-même un pré trou dans la berge, afin d'inciter l'oiseau à s'installer en achevant le travail. Cette méthode a été mise en place avec succès sur la Commune de Conflans Ste-Honorine (LAPIOS, 1991).

Fabrication d'un outil permettant le creusement de pré-trous. Illustration

Fabrication d'un outil permettant le creusement de pré-trous. Illustration © Lapios / Corif - LPO IDF

Un oiseau du tonnerre !

Buffon rapporte nombre de légendes concernant le Martin-pêcheur. Ainsi, l'oiseau serait capable de repousser la foudre, d'augmenter un trésor enfoui, et, quoique mort, il continuerait de renouveler son plumage à chaque saison de mue.

Desséché, il aurait la propriété de conserver les draps et autres étoffes de laine, tout en éloignant les teignes !

Pour en savoir plus

BAKER K. (1993) - Identification guide to european non-passerines. BTO Guide n°24332 p.
FEDERATION DES CP. - Comment venir en aide au Martin-pêcheur. Cahier technique de la gazette des terriers n°8. 16 p.
GEROUDET P. (1990) - Les passereaux. Tome 1 : du coucou aux corvidés. Delachaux et Niestlé., 235 p.
LAPIOS J-M (1991) - Nids artificiels pour le Martin-Pêcheur (Alcedo atthis) - Épeichette n°11.
LIBOIS R. et HALLET-LIBOIS C. in YEATMAN-BERTHELOT (1991) - Atlas des oiseaux de France et Hiver. Société Ornithologique de France. P. 328-329.
LIBOIS R. et HALLET-LIBOIS C. in YEATMAN-BERTHELOT (1994) - Nouvel Atlas des Oiseaux Nicheur de France. Société Ornithologique de France. P. 418-421.

Remerciements

Nous tenons à remercier toutes les personnes qui nous ont aidé dans la rédaction de cet article, et notamment Alexis NOUAILHAT, qui nous a gentiment autorisé à utiliser les deux dessins qui illustrent ce document.

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Fiche rédigée par les adhérents de la LPO Île-de-France

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