Loriot d'Europe

Conseil Biodiversité

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Description

Un discret aux couleurs remarquables

De la taille d’un merle (environ 25 cm), cet oiseau au comportement assez furtif est en théorie facilement identifiable grâce à ses couleurs voyantes. Le mâle adulte arbore en effet une couleur de plumage, appelée livrée, jaune doré au niveau de la tête, du ventre et du dos, tandis que ses lores (partie entre l’œil et le bec), ses ailes et sa queue sont noirs. Ce coloris jaune en fait un oiseau digne de figurer sur les encyclopédies d’oiseaux tropicaux, bien qu’il s’agisse pourtant d’une espèce européenne comme la partie “d’Europe” de son nom vernaculaire l’atteste.

Le saviez-vous ?

Le plumage du mâle du Loriot d'Europe a inspiré le nom de cet oiseau en français comme dans de nombreuses langues européennes. Loriot remonte au latin aureolus (d’or, de couleur or), racine déjà présente en vieux français sous la forme l’oriol, soit “l’oiseau doré”, puis loriol par contraction avec l’article, avant de s'imposer dans sa forme actuelle Loriot. En anglais Oriole est resté très proche de l'ancien français, c'est certainement sur cette base que Linné a créé, en 1766, le nom latin du genre Oriolus. En espagnol son nom est Oropendola (plume d'or) et en allemand Goldamsel, le “merle doré”.

La femelle possède un plumage assez semblable à celui du mâle, mais plus terne d’un jaune olivâtre et des ailes plus claires. Certaines femelles, plus âgées pense-t-on, arborent des couleurs plus voyantes, similaires aux mâles.

 

Fiche Loriot

Oiseauxdesjardins.fr

Le bec du Loriot d’Europe adulte est assez fort et légèrement courbé, se rapprochant de celui de la corneille par la forme mais de couleur rose-rouge. Ses ailes courtes et pointues, sa queue courte et son corps allongé lui donnent une silhouette reconnaissable. Son vol ondulé, évoquant celui des pics, lui permet de passer rapidement de cime en cime.

C’est le seul représentant européen de sa famille (les Oriolidés), qui compte 38 espèces à travers le monde, notamment en Afrique, dans le Sud-Est asiatique et jusqu’en Australie. On ne distingue avec certitude que deux sous-espèces. La sous-espèce nominale, Oriolus oriolus oriolus, est présente du Maroc jusqu’en Russie du Nord. Une autre sous-espèce Oriolus oriolus kundoo se retrouve en Asie centrale.

Risque de confusion

Les jeunes Loriots ressemblent un peu aux jeunes étourneaux, qui sont cependant beaucoup plus petits et de teinte plus sombre. En revanche l'Étourneau sansonnet parvient à imiter le chant du Loriot d’Europe, ce qui incite à toujours confirmer l’identification par une vérification visuelle.

 

Écologie de l’espèce

Mais où se cache-t-il ?

Son retour, à partir de fin avril des pays du sud de l’Afrique, coïncide avec le développement des feuilles. Il apprécie de nicher à l’interface entre une zone boisée et un cours d’eau (vieilles ripisylves) pour se nourrir plus facilement. Par ailleurs, le Loriot d’Europe affectionne, pour son futur logis, des arbres suffisamment grands comme les frênes, les hêtres, et plus rarement les pins. Il se perche en haut des frondaisons denses et y passe la plus grande partie de la journée. Tous ces éléments font que son plumage si coloré devient un avantage pour se camoufler à la cime des arbres, puisque son jaune intense se confond avec les taches de lumière tombant des frondaisons. Ainsi dérobé à notre regard, il est difficile à observer.

Le Loriot d’Europe est une espèce totalement migratrice qui effectue ses longs voyages de nuit. Après la reproduction, il repart entre juillet et septembre passer l’hiver très au sud du Sahara, jusqu’en Afrique du Sud.


Reproduction

Un hamac sous les frondaisons…

Le mâle revient quelques jours avant la femelle pour délimiter à nouveau son territoire. II fait d’ailleurs souvent preuve de fidélité au territoire de l’année précédente et au nid s’il peut être réutilisé. La femelle construit seule ce dernier, une sorte de hamac haut perché (jusqu’à 20 m), accroché dans la fourche d’une branche. Il fait environ 6-7 cm de profondeur sur 8-10 cm de diamètre. Ce nid douillet très solide, constitué de feuilles, de pailles entremêlées de crins, toiles d’araignée et de mousse, est fini en une semaine. Il accueille 3 à 4 œufs, couvés par la femelle seule durant 15-18 jours, tandis que les jeunes loriots, une fois éclos, sont nourris alternativement par les deux parents. Ces derniers n’hésitent pas à défendre le nid jusqu’à l’envol des jeunes 16 à 17 jours après l’éclosion.

Loriot d'Europe nid

Pixabay

 

Loriot d'Europe gravure

Gravure ancienne

Nourriture

« Pour une alimentation équilibrée, mangez au moins 5 fruits et insectes par jour »

Les Loriots se nourrissent essentiellement d’insectes de toute sorte (ex : coléoptères, chenilles, sauterelles...) mais ils sont aussi particulièrement friands de baies sauvages ou de fruits de culture bien mûrs comme les fruits des bois, les dattes, olives, pêches…. Cette liste variée de fruits consommés indique une capacité à exploiter toutes sortes de ressources pour constituer des réserves indispensables pour la migration mais aussi pour nourrir les jeunes.

Le saviez-vous ?

Ce goût pour les fruits cultivés lui vaut une autre récolte dans les vergers du sud de la France, celle de surnoms tels que « voleur de cerises » ou encore « grive des raisins » !


Comportement

Un chanteur enchanté :

Le chant du Loriot d’Europe est atypique, flûté et mélodieux, souvent décrit d’un « lûolio » ou « fidelio ». Composé en courtes strophes espacées entre elles, ce chant est le principal indice attestant de la présence de cet oiseau presque invisible. Son cri est un « vièèékh » nasillard, rappelant le geai. Son chant tout comme son cri peuvent être écoutés ici.

Se nourrissant d’ordinaire au niveau des frondaisons, le Loriot peut assez rarement adopter un comportement alimentaire alternatif et se nourrir au sol de vers de terre, de sangsues, voire de petits mammifères ou amphibiens ; il peut d’ailleurs faire du vol sur place (attitude également appelée le « Saint-Esprit »), à l’image du faucon crécerelle, avant de se laisser tomber au sol. En situation de danger par rapport à un prédateur (rapaces, corneilles, geais et martres), les adultes peuvent adopter une attitude particulière : le corps tendu avec le bec pointé vers le haut, évoquant la posture du butor étoilé.


Effectifs, tendances et statut :

Les effectifs du Loriot d’Europe sont relativement stables en France, environ 150 000 à 600 000 couples selon Birdlife International, 2004. Selon l’INPN (Institut National du Patrimoine Naturel) du MNHN, il est présent dans des boisements, forêts et autres habitats boisés, ou encore dans les habitats agricoles, horticoles et domestiques récemment cultivés.

Espèce protégée (arrêté du 17/04/81), inscrite à l'Annexe II de la Convention de Berne, le Loriot d’Europe n’est pas une espèce menacée, puisque le statut “préoccupation mineure” (LC : Least Concern) sur la Liste des espèces protégées de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) lui a été attribué. Il est par ailleurs une espèce déterminante des ZNIEFF, autrement dit une espèce d’intérêt pour signifier la valeur du patrimoine naturel de la zone où il niche, par rapport à une autre zone de laquelle il serait absent.

Carte distribution d'Oriolus oriolus sur le sol français 1998-2017

INPN-MNHN.fr

En France, le Loriot d’Europe niche sur l’ensemble du territoire à l’exception de quelques régions insulaires et de massifs montagneux. Il a été recensé en France jusqu’à 600 m d’altitude.

Le saviez-vous ?

Olivier Messiaen, compositeur et organiste, qui travaillait sur des oeuvres inspirées des chants d’oiseaux qu’il enregistrait et transcrivait lui-même, a consacré au Loriot d’Europe une pièce, qui en porte le nom, dans son Catalogue d’oiseaux (1956 -1958).

Bibliographie

Ouvrages

    GEROUDET, P. (1973).- Les Passereaux : du coucou aux corvidés. Vol. 1. Delachaux et Niestlé. 235 p.
    JOURDE, P. (2004).- Consommation de jeunes amphibiens par le Loriot d’Europe Oriolus oriolus. Alauda 72: 65-66.
    Henriette Walter, Pierre Avenas, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux: Du minuscule roitelet à l’albatros géant, 2007, Ed. Robert Laffont
    Sources : Gill, F and D Donsker (Eds). 2022. IOC World Bird List (v12.2) doi : 10.14344/IOC.ML.12.2. Avibase (ioc v12.1), the world bird database - Lepage, D. 2022. © 1996-2023 Oiseaux.net

  • GEROUDET, P. (1973).- Les Passereaux : du coucou aux corvidés. Vol. 1. Delachaux et Niestlé. 235 p.
  • JOURDE, P. (2004).- Consommation de jeunes amphibiens par le Loriot d’Europe Oriolus oriolus. Alauda 72: 65-66.
  • Henriette Walter, Pierre Avenas, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux: Du minuscule roitelet à l’albatros géant, 2007, Ed. Robert Laffont
  • Sources : Gill, F and D Donsker (Eds). 2022. IOC World Bird List (v12.2) doi : 10.14344/IOC.ML.12.2. Avibase (ioc v12.1), the world bird database - Lepage, D. 2022. © 1996-2023 Oiseaux.net

 

Fiche rédigée par Camille Fossano, adhérente de la LPO Île-de-France