Gobemouche noir

Conseil Biodiversité

En smoking pour l'été

Petit passereau à la silhouette rondelette aux pattes et au bec noir. Le mâle nuptial est de couleur pie, aux dessous blancs et noir brillant au-dessus ; mais plus on se dirige vers l'est de l'Europe, plus son plumage est gris. Il a une petite étoile blanche juste au-dessus du bec, une surface blanche sur les ailes et une queue discrètement bordée de blanc. Puis il mue en juillet-août et se ternit pour l'automne. Les couleurs sont alors pareilles à la femelle, bien qu'aux ailes et à la queue plus sombres tout de même. La femelle brune, légèrement grise, se reconnaît par l'absence de tache blanche au front et le blanc des ailes moins étendu.

Gobemouche noir, Ficedula hypoleuca. Mâle à gauche, femelle à droite

Gobemouche noir, Ficedula hypoleuca. Mâle à gauche, femelle à droite. © Dessins de François Desbordes / LPO IDF

Gobemouche noir

© Gobemouche noir – A. Loquet / LPO IDF

En lisière des forêts

Forêts de feuillus, forêts mixtes à sous-bois dégagé, plus rarement vergers et parcs, constituent les biotopes du Gobemouche noir, avec une préférence pour les massifs de châtaigniers, les chênaies et les hêtraies. Il recherche les endroits dégagés pour chasser les insectes en se posant sur un perchoir ou en pratiquant le vol stationnaire : clairières, prés, champs. Son régime alimentaire comprend essentiellement des chenilles, des hyménoptères et des diptères. Pour se cacher, il préférera l'abri des bois et des futaies. Dans les Alpes, on peut le trouver jusqu'à 1500 m d'altitude.

© Gobemouche noir – A. Loquet / LPO IDF

Plusieurs nichées pour un rendement optimisé…

Comme de nombreux oiseaux migrateurs, le Gobemouche noir revient chaque année sur le même territoire de nidification.

Pour installer son nid, il recherche de grands arbres dans les forêts de feuillus, des sous-bois idéalement dégagés et tapissés d’un peu d’herbe à leur pied afin d’y chasser plus facilement les insectes. L’espèce étant cavernicole, elle niche dans des trous d’arbre, parfois un ancien nid de Pic épeichette, mais aussi dans une cavité de mur ou une fissure de falaise. L’espèce ne boude pas les nichoirs. Cependant, le Gobemouche noir est en concurrence notamment avec les mésanges charbonnières pour la conquête des cavités de nidification qui sont souvent déjà occupées par elles quand, au printemps, le Gobemouche revient d’Afrique.

C’est ainsi que, vers le mois de mai, attirée par le chant et le plumage du mâle, la femelle choisit une cavité pour y construire un nid à l’aide de morceaux d’écorce, de feuilles, de crins, de mousse et de tiges sèches. Elle pond 4 à 8 oeufs bleu pâle et les couve seule pendant 12 à 15 jours. Le mâle tente souvent de séduire plusieurs femelles et parfois même, réussit à en conquérir une deuxième. Celle-ci devra alors se débrouiller seule, ou presque, pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa nichée, car le mâle retourne en général au premier nid. La bigamie reste nettement moins fréquente que la monogamie chez cette espèce. Les jeunes, au premier plumage brun tacheté, prennent leur envol une quinzaine de jours après l’éclosion. Ils abandonnent le nid au début du mois de juillet, puis les familles commencent à quitter le territoire le mois suivant. Il n’y a pas de seconde ponte, mais parfois une ponte de remplacement en cas d’échec de la première.

Gobemouche noir

© Gobemouche noir – Comolet / LPO IDF

Un grand voyageur

Le gobemouche noir est un migrateur au long-court. En période de reproduction, son aire de répartition s'étend à toute l'Europe et l'Asie. D'Est en Ouest, depuis les steppes de la Sibérie centrale jusqu'à la Scandinavie, et au sud jusqu'à la France, la péninsule ibérique, et même jusqu'en Afrique du nord. Mais il est malgré tout plus présent dans le nord de l'Europe. Le bastion de l’espèce s’étend de la Russie à la Scandinavie, aux Pays-Baltes, à la Pologne et à l'Allemagne. En effet c'est là qu'il trouve son habitat de prédilection et la profusion d'insectes estivaux nécessaire à sa progéniture. Il hiverne au sud du Sahara, en Afrique tropicale. C'est en avril qu'il fait son retour dans notre région pour la quitter entre août et octobre.

Effectif et tendance dans le monde et en France

En Europe, le Gobemouche noir subit un déclin modéré et continu depuis 1980. Ainsi, les effectifs ont chuté de 23%. Le réchauffement climatique induisant la modification des dates d’éclosion de certaines chenilles est mise en cause. En outre, l’espèce ferait face à une perte d’habitat favorable dans ses quartiers d’hiver et sur sa route migratoire. Ces dernières années, les effectifs semblent toutefois aller vers une stabilisation.

En France, la population nicheuse est estimée entre 2000 et 4000 couples (entre 2009 et 2012). Il se reproduit surtout dans les Vosges, le bassin parisien, les Cévennes, les monts d’Ardèche, ainsi que la Haute-Savoie. A l’échelle nationale, l’espèce fait l’objet d’une préoccupation mineure mais certains auteurs pensent que ce statut mériterait d’être actualisé aux vues des faibles effectifs et de sa répartition restreinte.

Dans nos régions

En Ile de France

La population nicheuse est estimée entre 150 et 250 couples, pour l'essentiel en forêt de Fontainebleau dans le sud de la Seine-et-Marne. Elle est classée vulnérable sur la liste rouge régionale de par ses effectifs et sa répartition très localisée. La conservation de parcelles de vieilles forêts dans le sud de la région est très importante pour cette espèce.

Carte de nidification du Gobemouche noir (Ficedula hypoleuca) en Île-de-France (issue de l’Atlas des oiseaux nicheurs d’Ile-de-France, 2009-2014).

Carte de nidification du Gobemouche noir (Ficedula hypoleuca) en Île-de-France (issue de l’Atlas des oiseaux nicheurs d’Ile-de-France, 2009-2014) / LPO IDF

Le saviez-vous ?

Les gobemouches peuvent être les victimes des mésanges charbonnières ! Les deux espèces entrent en compétition pour les cavités lors de la période de reproduction. Ainsi aux Pays-Bas, une étude a montré que les gobemouches noirs, à leur retour d’Afrique ont des difficultés à trouver des cavités disponibles pour faire leur nid : celles-ci étant déjà occupées par les mésanges qui nichent plus tôt en raison du réchauffement climatique. Ces dernières peuvent alors aller jusqu’à tuer les gobemouches pour protéger leurs propres couvées !

Bibliographie

Ouvrages

  • V. Dierschke (2017), 440 oiseaux. Delachaux et Niestlé, 256 p.
  • P. Géroudet (1974), Les passereaux d'Europe. Delachaux et Niestlé, 320 p.
  • Issa N. & Muller Y. (2015). Atlas des oiseaux en France Métropolitaine. Nidification et présence hivernale. LPO / SEOF / MNHN. Delachaux et Niestlé, Paris, 1408 p.

Sites internet

Article rédigé par Dimitri Dagorne, Jean-Pierre Van Wambeke, Marie-Béatrice Billault et Sonia Villalon

Fiche LPO Île-de-France