Foulque macroule

Conseil Biodiversité

Un oiseau bien présent chez nous, mais peu en connaissent le nom.

Quel est ce gros oiseau bossu ?

La Foulque macroule est un oiseau aquatique de la famille des Rallidae, tout comme la Gallinule poule d’eau avec laquelle elle est souvent confondue : est-ce parce que toutes deux ont une silhouette ronde comme des poules ? En tous cas de nombreuses caractéristiques les différencient ; pour vous en assurer, vous pouvez vous reporter à l’article de Manon Bonvarlet sur la Gallinule poule d’eau.

C’est un gros oiseau qui a l’air bossu quand il marche au sol, ce qui n’est pas très fréquent car il passe la plupart de son temps sur les plans d’eau. Ses plumes sont noires, ses yeux petits et rouges, son bec blanc est surmonté d’une espèce d’écusson blanc au front (rappelons-nous, celui de la poule d’eau est rouge vif). Sa queue est courte et une bande blanche est visible en vol sur ses rémiges secondaires.

Elle possède des pattes spectaculaires, verdâtres, aux doigts très longs portant un chapelet de membranes lobées qui lui permettent de se déplacer sur les feuilles flottant à la surface de l’eau ; elles lui sont aussi très utiles pour un démarrage laborieux du vol sur le plan d’eau !

Foulque macroule sortant de l'eau

Foulque macroule © F. Gonod / LPO-IDF

La Foulque macroule mâle pèse entre 700 et 1000 grammes, la femelle plus petite entre 600 et 800 grammes. Dimensions : 38 à 45 cm, queue comprise. Elle peut vivre une vingtaine d’années.

C’est un oiseau bruyant, possédant tout un répertoire d’appels et de cris répétitifs, brefs et sonores

Ecologie de l’espèce

On peut (presque) tout faire sur l’eau

Oiseau aquatique s’il en est, la Foulque affectionne les plans d’eau, même petits, les lacs, étangs et rivières car elle y trouve toute sa nourriture et de quoi bâtir son nid : les scirpes (joncs) et toutes sortes de plantes aquatiques rivulaires comme les phragmites (roseaux). En hiver on peut même la trouver dans les ports, les stations d’épuration, les plans d’eau des parcs urbains.

C’est une espèce opportuniste, qui se nourrit principalement de plantes qu’elle trouve en plongeant dans l’eau ou sur la terre ferme où elle trouve de jeunes céréales, des graines et des fruits, mais elle ne s’aventure jamais loin de l’eau. Elle complète ce régime avec de petits mollusques, des insectes et des larves qu’elle préfère aux poissons.

Bruyants et prolifiques

Voici mars : les Foulques débarquent depuis leurs quartiers d’hiver, les couples sont souvent déjà formés et se mettent en chasse d’un territoire, souvent avec force cris et poursuites entre voisins. Le mâle construit plusieurs ébauches de nids, souvent flottants, et quand la femelle a fait son choix un seul est terminé par les deux partenaires. Il est constitué de branches, feuilles de plantes aquatiques, algues formant une sorte de plateforme arrimée au bord du plan d’eau, et flottante ou du moins entourée d’eau.

Nid de Foulque macroule

Foulque macroule © C. Gloria / LPO-IDF

Après de bruyants accouplements sur l’eau, durant lesquels la femelle se trouve presque totalement immergée, cinq à treize œufs beiges mouchetés sont pondus et le couple se partage la couvaison durant 24 jours. La couvée subit souvent de lourdes pertes : intempéries, prédation par les corneilles, busards, rats ou brochets. Les deux ou trois survivants, une fois éclos, sont rapidement nidifuges et suivent leurs parents sur le plan d’eau durant quatre à cinq semaines. Ils ne les quitteront qu’au bout de huit semaines.

Voici une photo des jeunes au nid :

Poussins de foulques au nid

Poussins de foulques © Leoveit, domaine public

Migration-phénologie

La migration prénuptiale a lieu de début février à fin avril. La migration postnuptiale se prépare dès juillet avec des rassemblements de juvéniles impatients de découvrir du pays… mais elle n’a lieu que plus tard, d’août à septembre. Vers où ? Une grande partie des oiseaux nicheurs de France migrent vers le Sud, dans la péninsule ibérique; dans les zones humides, par exemple la Camargue ou le lac de Grand Lieu au sud-ouest de Nantes, ils sont rapidement remplacés par des individus provenant d’Europe du Nord. On voit donc des Foulques macroule toute l’année chez nous, mais ce ne sont pas tout le temps les mêmes !

Effectifs, tendances et statut :

Monde (IUCN monde)

Classée LC (préoccupation mineure) dans le monde, l’espèce est classée NT (quasi-menacée) en Europe. La population européenne a fluctué ces dernières décennies ; elle est estimée entre 1,3 et 2,3 millions de couples : cette large fourchette s’explique par l’absence de réel programme de comptage. Les effectifs hivernant en Europe du Nord-Ouest sont estimés à 1 750 000 individus à la mi-janvier. 2,5 millions d’individus hivernent plus au sud, autour de la Méditerranée, jusqu’en Mer Noire et en Afrique de l’Ouest.

Carte de présence mondiale

Carte de présence mondiale (source GBIF)

En France (IUCN)

En France, l'inventaire des Zones Naturelles d'Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) identifie et décrit des secteurs de biodiversité patrimoniale sur le territoire français. Pour cet inventaire, la Foulque macroule est une espèce dite déterminante. 50 000 à 150 000 couples nicheurs y sont reportés, effectif en amélioration (estimation qualifiée de médiocre). Pour la population en hiver, 234 200 – 294 000 individus / En amélioration (qualité de l'estimation : Bonne). La Brenne, la Dombes, la Camargue, avec leurs nombreux étangs, sont les sites privilégiés par la population nicheuse.

Le programme STOC-EPS a estimé la progression des effectifs à +22% de 2001 à 2018. Cette progression peut s’expliquer par celle des plans d’eau récréatifs, des sites de lagunage, même si par ailleurs certains marais ou étangs sont menacés. De plus, la Foulque macroule, n’étant pas très difficile, peut parfois se contenter d’une petite mare pour mener ses diverses activités !

Carte de présence France

Carte de présence France (source GBIF)

L'espèce en région

En Ile-de-France

La liste rouge régionale 2018 classe la Foulque macroule en LC (préoccupation mineure). Cependant, l’espèce est nicheuse certaine dans seize des dix-huit secteurs d’Ile de France comme l’atteste la carte ci-dessous (secteurs en bleu). Le programme STOC-EPS a estimé entre 2 300 et 3 800 couples dans la période 2009-2014. Les grands plans d’eau comme le lac de Créteil peuvent facilement héberger une trentaine de couples, mais d’autres parcs urbains comme le parc Martin Luther King dans le XVIIe ont vu naître des poussins en 2017 et 2018. Pour le Grand Paris, la fourchette de 150 à 200 couples est considérée comme une estimation basse.

Répartition en Ile de France

Répartition en Ile de France (Atlas des oiseaux nicheurs du Grand Paris 2015-2018)

Le saviez-vous ?

L’un des facteurs de mortalité des Foulques macroules est l’ingestion de plombs…de chasse : en Camargue, 14% d’entre elles en ont dans leur gésier. Par ailleurs, étant une espèce essentiellement herbivore, la proportion de polluants organochlorés dans leurs œufs est moindre que dans ceux des espèces piscivores.

L’étymologie de « macroule » n’est pas certaine, elle peut provenir de « macreuse » ou « macrolle », sorte de canard sauvage, parmi d’autres options, selon le dictionnaire étymologique CNTRL.

Autres noms : Foulque noire, Blairie dans le nord de la France et Judelle dans l'Ouest.

Bibliographie

Sites Internet

Fiche rédigée par Christiane DEH, adhérente de la LPO Île-de-France

 

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