Cincle plongeur

Conseil Biodiversité

Un dodu Champion du combiné canyoning/apnée, qui n'a pas froid aux yeux, ni au bec !

Cincle plongeur au bord de l'eau

© JJ. Boujot / Corif - LPO Île-de-France

 

En flânant le long de fraîches petites rivières, peut-être aurez-vous l'occasion, comme ce poète allemand, de croiser une petite flèche brune rasant les eaux, à la manière du martin pêcheur : c'est le discret cincle plongeur...

Arrêtez-vous et prenez le temps, car notre camarade à plumes est peu commun, remuant, mais pas forcément des plus farouche. Observations spectaculaires en perspective.....

Ça swing !

Quand il décide de se poser sur une des nombreuses roches qui jalonnent le cours d'eau, c'est pour vous faire apprécier son irrésistible petit pas de danse ; Cette oiseau à le rythme dans la peau, assurément !

D'un petit mouvement simultané de flexion et d'extension, comme monté sur un ressort et aussi réglé qu'un métronome, l'oiseau ne se prendrait-il pas pour Elvis ?

C'est d’ailleurs ce qui lui a valu le nom latin de cinclus, lui-même directement issu du grec kigklizô, que l'on traduirait par « qui remue sans cesse la queue » ; et croyez-moi, il n'a rien à envier à notre « hoche-queue » national, la bergeronnette !

Probablement tombés sous son irrésistible charisme de rockeur, les norvégiens en ont même fait leur oiseau national.

Mais trêve de « dancefloor » ! Car notre mystérieux oiseau n'est pas au bord de l'eau pour faire le fanfaron ; il n'a pas fini de nous épater par ses extraordinaires talents cachés...

« The dipper »

Littéralement « le plongeur » ; Voilà qui mettent Anglais et Français d'accord quant à sa nomination ;

Car cette oiseau aux allures pataudes, se révèle être un sportif de haut niveau ; et son domaine de prédilection est l'eau, vous l'aurez bien compris.

Malgré une physionomie s'apparentant plus à celle du merle que du cormoran, le cincle plongeur possède des caractéristiques morphologiques étonnantes, faisant de lui un redoutable prédateur aquatique !

Cincle plongeur dans l'eau

© wikimedia commons / LPO Île-de-France

Tout d'abord son plumage : de sa robe noisette à marron et de son blanc plastron, il sait se rendre invisible le long des berges ou se mêlent écumes, pierres et limons ;

Puis d'un magistrale « plouf » au beau milieu du courant, tantôt il nage entre deux eaux à la manière du fou de Bassan, tantôt marche-t-il sur le lit de la rivière, et très adroitement retourne un à un les petits galets et cailloux, d’où il y délogera quelques mollusques, vers, plécoptères, tricoptères, éphémèroptères et autres insectes aquatiques encore à l'état larvaire ;

Le cincle possède la même capacité que bon nombre d'oiseaux aquatiques : il peut graisser son plumage à des fins de totale imperméabilité, grâce à une petite glande située non loin du croupion, sur laquelle il va frotter son bec pour s'en badigeonner tout le corps ;

Une membrane, dite nictitante, protège ses yeux du contact de l’eau et lui confère une excellente vision sub-aquatique; un véritable petit masque de plongée maison !

Lorsqu'il pénètre dans le monde aqueux, de petits clapets obturent instantanément ses narines pour que l'eau ne tente d'y pénétrer ; encore mieux qu'un pince-nez !

Enfin, notre oiseau est un véritable apnéiste professionnel : le cincle peut aisément atteindre la minute d'apnée lorsqu'il part à la recherche de nourriture, malgré ses petits poumons et la dépense énergétique violente que provoque la lutte contre des courants parfois intenses (torrents de montagne) ;

Comme un poisson dans l'eau dit-on ?

Comme un air de troglodyte ?

C'est vrai qu'il lui ressemble, en version XL, avec sa queue courte parfois dressée, et son ventre rondouillard ; Mais c'est surtout de par la forme globale de son nid qu'il fait cause commune avec le lilliputien ;

En effet le cincle plongeur construit une énorme boule de mousse fraîchement coupée, à l'intérieur de laquelle il va concevoir une seconde structure de brindilles entremêlées, qui s’apparenterait plus à l'ossature d'un nid de merle.

Nid de Cincle plongeur

Nid de Cincle plongeur Photo © wikimedia commons - LPO IDF

Quand on vit au bord de l'eau, mieux vaut se protéger correctement du froid et de l'humidité ambiante...

C'est dans une anfractuosité rocheuse ou derrière une cascade que le cincle aménage en théorie son petit palace ; mais, les temps changeant, pourquoi se refuser le luxe d'une confortable assise abritée d'un pilier de pont ?

Le cincle, loin d'être frileux, peut commencer très tôt à nicher, puisque c'est dès la fin de l'hiver que les larves aquatiques sont les plus dodues ! Une aubaine pour la future portée de quatre à six jeunes cincles ;

Juvénile © M. Sitterlin / Corif - LPO IDF

Même s'il n'est pas considéré comme nidifuge, le jeune cincle peut être amené à quitter le nid sans avoir complètement acquis le vol ; qu'à cela ne tienne, il est déjà très à l'aise dans les eaux tumultueuses et passe d'une rive à l'autre sans grande difficulté !

Fiche rédigée par les adhérents de la LPO Île-de-France