Chevêche d'Athéna

Conseil Biodiversité

Avec ses yeux dorés, sa petite taille et ses mimiques amusantes, la chevêche d’Athéna laisse rarement insensible. Ce rapace nocturne ne peut se confondre, en France, avec aucun autre.

Chevêche d’Athéna

Chevêche d’Athéna © R.Freze

Classification

On compte treize sous-espèces de chevêches :

  • Athene noctua vidalii (Europe occidentale)
  • Athene noctua noctua (partie de l’Europe centrale)
  • Athene noctua sarda (Sardaigne)
  • Athene noctua glaux (Afrique du Nord)
  • Athene noctua indigena (Mer Noire)
  • Athene noctua saharae (Sahara et péninsule Arabe)
  • Athene noctua bactriana (Sud et Est de la mer Caspienne)
  • Athene noctua lilith (Chypre et Moyen-Orient)
  • Athene noctua plumipes (Asie centrale)
  • Athene noctua ludlowi (Asie centrale)
  • Athene noctua orientalis (Asie centrale)
  • Athene noctua spilogastra (Soudan, Somalie et mer Rouge)
  • Athene noctua somaliensis (Soudan, Somalie et mer Rouge)

Nom anglais : Little Owl, Nom allemand : Steinkauz, Nom espagnol : Mochuelo Europeo, Nom italien : Civetta, Nom hollandais : Steenuil

Chevêche d'Athéna

© C.Maliverney

La Chevêche d’Athéna fait partie des rapaces nocturnes les plus petits de France. Elle est de la taille d’un Merle noir Turdus merula mais beaucoup plus trapue.
De couleur brun roux, elle est ponctuée de taches crème à l’exception de sa gorge claire visible lorsque l’oiseau est dressé. A l’arrière de la nuque, elle présente un V blanchâtre.

  • Envergure : 60 cm
  • Longueur : 22 cm
  • Poids : Femelle : 200 g, mâle : 185g.
  • Dimorphisme sexuel : Il n’est pas possible de différencier le mâle de la femelle grâce à leur plumage mais le mâle possède généralement une face blanche plus claire, et il est généralement plus petit que la femelle.
  • Voix : La chevêche possède vingt-deux cris et chants différents, dont les plus typiques sont poussés pendant la saison des amours.
  • Durée de vie : 10-12 ans en milieu naturel et 18 ans en captivité.
  • Mue : La mue complète de la chevêche se déroule entre août et novembre.
  • Sédentaire.

 

Biologie et écologie

Habitat

  La Chevêche d’Athéna occupe une grande diversité d’habitats. Ils peuvent être associés à 4 grands types :

  • Les pâturages humides à Saule têtards présents dans les bocages de l’ouest et du nord,
  • Les secteurs de polyculture et d’élevage avec vergers traditionnels hautes tiges (pommiers, poiriers, pruniers) comme ceux d’Alsace ou de Normandie,
  • Les vastes pâturages et pelouses sèches du massif Central comme les Causses ou le plateau de l’Aubrac,
  • Les zones de polycultures avec des îlots favorables à l’espèce à proximité des villages, des maisons ou des exploitations agricoles comme c’est le cas dans de nombreuses régions de France.
Chevêche d'Athéna dans un tronc enneigé

© C.Fosserat

L’ensemble des habitats occupés par la Chevêche a pour point commun de présenter un climat peu rigoureux permettant le maintien de l’espèce en hiver avec notamment une abondance de proies disponibles.
Ces habitats doivent aussi comporter des cavités pour la nidification, des perchoirs permettant à l’espèce de chasser à l’affût et doivent présenter une pression de prédation limitée sur les jeunes. La présence d’herbage à proximité des sites de nidification semble déterminante pour l’espèce.

Reproduction

Territoriale, la chevêche se reproduit dans une grande diversité de cavités. Dans son habitat originel, elle niche dans des crevasses de falaise ainsi que dans des trous d’arbre creux. Dans les milieux anthropiques, elle occupe volontiers les vergers (pommiers, poiriers, pruniers, noyers) mais également les saules et mûriers têtards. Elle niche aussi volontiers dans les bâtiments ainsi que dans des nichoirs.

Accouplement de chevêches d'Athéna

© C.Maliverney

Le lieu de reproduction est proposé par le mâle et adopté par la femelle. Il varie énormément, allant de troncs d’arbres creux à des toits de granges ou diverses habitations. Les chevêches y logent de février à mai. La femelle couve seule pendant 28 jours environ pendant lesquels le mâle assurera le nourrissage.

La ponte a lieu en avril/mai (voire jusqu'à début juin dans certaines régions de France) de deux à cinq œufs blancs. Certains œufs peuvent ne pas éclore (pour diverses raisons : destruction, abandon de nid, œufs non fécondés, défaut de couvaison…).
Les jeunes sont nourris par les deux parents pendant les deux premières semaines, puis dépècent tout seuls les proies apportées au nid, s’envolent dès l’âge de cinq semaines et peuvent continuer à loger dans le lieu de reproduction des parents bien après leur départ. Ils seront à même de s’accoupler dès la prochaine saison de reproduction.

Régime alimentaire

La Chevêche d’Athéna chasse à l’affût depuis un perchoir ou en vol sur place et capture ses proies au sol. Son régime alimentaire varie en fonction des habitats, au cours des saisons et dépend également de la spécialisation de certains individus.
Il est composé principalement de 4 catégories : les micromammifères, les oiseaux, les insectes et les lombrics. Lorsque l’on regarde de plus près son régime alimentaire, on peut se rendre compte que les campagnols et mammifères en constituent plus de 80 %, complétés par des proies plus petites, telles les reptiles ou insectes (dans le Midi, les insectes représentent 80% de son régime au printemps et en été).

La chevêche a besoin de 50 à 80 g de nourriture par jour. Comme elle avale ses proies toute entières, son organisme doit faire une sélection naturelle durant la digestion et, ainsi, rejeter des pelotes de quelques centimètres contenant des éléments non comestibles (os, poils, etc.), appelées « pelotes de réjection ».

Deux chevêches d'Athéna

© C.Fosserat

Distribution et effectifs

La répartition de la chevêche s’étend des milieux ouverts du bassin méditerranéen à l’Asie centrale.

Carte mondiale de répartition de la chevêche d'Athéna, Carte fournie avec l’aimable autorisation de Lynx Edictions, extrait Del Hoyo J., Elliott A. & Sargatal, J.eds., 1994, Handbook of the Birds of the World. Vol. 5. Barn-owls to Hummingbirds, Lynx Edictions, Barcelona

Carte mondiale de répartition de la chevêche d'Athéna, Carte fournie avec l’aimable autorisation de Lynx Edictions, extrait Del Hoyo J., Elliott A. & Sargatal, J.eds., 1994, Handbook of the Birds of the World. Vol. 5. Barn-owls to Hummingbirds, Lynx Edictions, Barcelona

En Europe, l’essentiel de la population est concentré dans la péninsule ibérique, en France, en Italie, en Roumanie, en Ukraine et dans la partie européenne de la Russie.

Carte de répartition de la Chevêche en Europe, Carte fournie avec l’aimable autorisation de Kosmos éditions, extrait Mebs T., Scherzinger W., 2006, Rapaces nocturnes de France et d’Europe, éditions Delachaux et Niestlé, Paris

Carte de répartition de la Chevêche en Europe, Carte fournie avec l’aimable autorisation de Kosmos éditions, extrait Mebs T., Scherzinger W., 2006, Rapaces nocturnes de France et d’Europe, éditions Delachaux et Niestlé, Paris

En France, la population est estimée entre 11 000 et 35 000 couples en 1998, soit environ 10 % de l’effectif nicheur européen. En 1976, les estimations allaient de 10 000 à 100 000 couples. Les effectifs de la chevêche sont en déclin dans de nombreuses régions françaises. La situation est préoccupante sur certains secteurs où la diminution des effectifs crée des noyaux de populations isolés les uns des autres.

Carte extraite des cahiers de la surveillance 2010

Carte extraite des cahiers de la surveillance 2010

Menaces et statuts

Menaces

Plusieurs causes ont été identifiées pour expliquer le déclin de l’espèce en France.

Destruction de l’habitat

L’évolution de l’agriculture pendant la seconde moitié du 20° siècle a particulièrement eu des conséquences néfastes :

  • La pratique du remembrement, par la disparition de centaines de linéaire de haies, a fait diminuer le nombre d’arbres à cavités présents,
  • La régression des vergers traditionnels a aussi fait disparaitre les arbres à cavités,
  • La mise en culture des prairies a fait fortement diminuer la quantité de proies disponibles.

De plus, l’urbanisation et la rénovation des vieux bâtiments (offrant des cavités) a aussi fait baissé le nombre de sites de nidification disponibles.

Pollutions

Les pollutions liées d’une part à l’utilisation de pesticides agricoles provoquent une raréfaction en proies. D’autre part, la Chevêche étant un prédateur, elle est située au sommet de la chaîne alimentaire. Par conséquent, elle peut souffrir d’empoisonnements, du fait de l’accumulation des substances toxiques. Les substances concernées sont souvent les métaux lourds et hydrocarbures qui ont des impacts sur le taux d’éclosion.

Collisions routières

La chevêche, comme beaucoup d’autres espèces (rapaces nocturnes, hérissons, batraciens…) est victime de collisions avec les voitures. Une route suffit à créer une hécatombe. Les victimes comptent autant les jeunes, inexpérimentés, qui explorent les abords du nid, que les adultes lorsqu’ils chassent pour nourrir leurs petits. Cette sensibilité des chevêches à la circulation routière est due à leur type de chasse, caractérisé par un vol de faible altitude d’un perchoir à un autre.
De plus, la chevêche aime les végétations rases où la chasse est plus facile. Les talus et fossés routiers tout juste fauchés au printemps deviennent ainsi des milieux très attractifs pour elle. Le risque de collision est alors très important quand on sait qu’une voiture est dangereuse à partir de 60 km/h.

Dans certains secteurs, la mortalité routière est telle que le remplacement des générations n’est plus assuré. Localement, les populations diminuent, pour s’éteindre à long terme. Cette disparition d’adultes laisse des territoires disponibles pour des jeunes issus de zones périphériques moins menacées mais saturées fautes de possibilités de nidification. Les jeunes installés dans ces territoires vacants sont à leur tour victime des voitures. On peut alors parler de « puits biologiques » !
Enfin la fragmentation des populations réduisant les échanges entre individus augmente les risques de consanguinité des petites populations isolées (GENOT, 1990 ; LECOMTE, 1995 ; LETTY et al. 2001).

Les poteaux métalliques creux

Les poteaux téléphoniques creux en métal sont de véritables pièges pour les oiseaux cavernicoles ou cavicoles qui pénètrent à l'intérieur, ne peuvent en sortir et y meurent prisonniers (mésanges, sitelles, chevêches d'Athéna et chouettes hulottes...). Une des solutions consiste à poser des bouchons à l’intérieur des poteaux ou poser un chapeau au sommet pour supprimer le risque de pénétration des chevêches, et donc, écarter le danger.

Les abreuvoirs

De 20 à 25 % des jeunes d’une année peuvent se noyer dans des abreuvoirs à bétail. Une fois tombé dans l’eau, impossible pour l’oiseau de remonter car les bords des vieilles baignoires ou de bidons, trop abrupts, sont dépourvus d’aspérités. Pour résoudre ce problème, il existe des dispositifs anti-noyades appelés aussi échappatoire d’abreuvoir.

Les cheminées

Une fois capables de voler, certains poussins utilisent les cheminées comme gîte diurne et finissent par tomber au fond des conduits. La solution est tout simplement de grillager ces entrées de cheminées.

Statuts

Statut légal

La chevêche, comme toutes les espèces de rapaces, sont protégés en France selon la loi du 10 juillet 1976. La loi française, en vertu le l’arrêté du 17/04/81, « interdit sur tout le territoire métropolitain et en tout temps, la destruction ou l’enlèvement des œufs et des nids, la destruction, la mutilation, la capture ou l’enlèvement, la naturalisation des oiseaux visés, qu’ils soient vivants ou morts, leur transport, leur colportage, leur utilisation, leur mise en vente, leur vente ou leur achat ».
Sur le plan international, la chevêche figure à l’annexe II de la convention de Berne du 19 septembre 1979 relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe.

Elle figure également à l’annexe II de la convention de Washington du 3 mars 1973 sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction, ce qui la classe parmi les espèces vulnérables dont le commerce est réglementé au niveau international. Incluse dans l’annexe C1 du règlement communautaire CITES, la chevêche est considérée comme une espèce menacée d’extinction. En conséquence de quoi, le commerce à l’intérieur et à l’extérieur de l’Union Européenne est interdit.

Statut de conservation

La chevêche d’Athéna est inscrite sur la liste orange de la faune menacée de France, dans la catégorie « en déclin ». Elle est classée dans la catégorie CMAP 3 (espèce dont le devenir n’est pas menacé à court terme car encore relativement abondantes mais néanmoins vulnérables à long terme et donc considérées menacées).

La chevêche est en déclin en Europe. Elle est classée dans la catégorie 3 des espèces européennes à statut de conservation défavorable (SPEC 3, « Species of European Conservation Concern », d’après Birdlife 2004).

Enfin, elle est classée en préoccupation mineure par les critères UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature).

 

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