Lymnocryptes minimus
Famille des Scolopacidae
Un drôle de nom pour un drôle d'oiseau
Dans le marais, Lymnocryptes minimus passe inaperçue. La plus petite des bécassines est particulièrement discrète. Dissimulée au sol, elle reste tapit dans la végétation du marais pour n'en sourdre qu'au dernier moment, comme si elle n'avait rien entendu venir. C'est ce caractère qui explique le qualificatif « sourde ». Lymnocryptes vient du grec limnè (limon, marais) et de kryptos (caché, crypté). Minimus vient du latin et signifie, très petite.
Identification
La Bécassine sourde est difficile à observer, en partie parce qu'elle n'est pas très courante, parfois solitaire, mais surtout parce qu'elle sait tellement bien se camoufler qu'elle passe vraisemblablement souvent inaperçue.
Quand elle se fait surprendre, on peut l'apercevoir rapidement lors d'un court vol. Elle peut alors lancer un sifflement rêche : " zet " ou " yètch ". Pendant ce court moment d'observation, il faut pouvoir estimer sa taille et juger sa silhouette.
La Bécassine sourde est plus petite que la Bécassine des marais. Les guides de références mentionnent qu'elle est 2/3 plus petite.
Sa taille est en réalité très variable (longueur 17 à 20 cm, envergure 30 - 36 cm, poids 50 - 80 g) ce qui fait écrire à Buffon qu'elle n'a « que moitié de la grandeur de l'autre ».
En vol toujours et en comparaison avec la Bécassine des marais, on peut aussi remarquer le bec court et épais, une queue pointue et un bord de fuite pâle minimaliste à l'aile.
Au sol, l'identification sera plus aisée. On l'a repère souvent à sa manière typique de chercher sa nourriture, sondant mécaniquement la vase avec son bec, façon « machine à coudre », ou se déplaçant en secouant souplement tout le corps de bas en haut.
La longueur du bec représente environ 1,5 fois la longueur de la tête. Contrairement à la Bécassine des marais, la calotte est dessinée d'une seule large bande brune sombre (pas de raie médiane pâle). Un fin trait noir partage le large sourcil jaune pâle. De profil, deux longues rayures or bien visibles sont dessinées sur le manteau roux et noir aux reflets métalliques verdâtres. La poitrine et les flancs sont fortement rayées (et non barrés comme chez la Bécassine des marais). Les pattes peuvent sembler jaunâtres, verdâtres plus ou moins grises.
Pour comparaison, la Bécassine des marais : bec long et fin ; raie médiane jaune pâle sur la calotte ; flancs barrés.
Habitat
La Bécassine sourde se reproduit sur les tourbières et les marais herbeux de Scandinavie, de Finlande, mais aussi dans le nord de la Russie et dans la toundra marécageuse en Sibérie.
En dehors de la saison de reproduction, elle fréquente les zones humides douces ou saumâtres d'Europe de l'ouest, des côtes méditerranéennes, d'Afrique subsaharienne, ou des rives de l'océan Indien.
Comportement
En parade, la Bécassine sourde effectue un vol nuptial au-dessus du marais, pendant lequel elle lance un chant particulier rappelant le galop d'un cheval. Elle se reproduit dans le nord de l'Europe jusqu'à 70° de latitude nord de mai à début septembre, après quoi (entre août et septembre) les adultes subissent une mue qui les oblige à rester à proximité de l'aire de nidification.
La Bécassine sourde est un migrateur total qui traverse l'Europe sur un large front. La migration d'automne se déroule de la mi-septembre à la mi-novembre. La moitié de la population en provenance de Laponie et de Sibérie orientale hiverne depuis le nord-ouest de l'Europe à la péninsule ibérique. L'autre moitié hiverne principalement en Afrique.
L'espèce quitte ses aires d'hivernage entre mars et la mi-avril. En dehors de la saison de reproduction, l'espèce demeure en grande partie solitaire. La plupart de ses activités sont nocturnes ou dans le tôt le matin et tard le soir.
Menaces
L'espèce est menacée par la perte et la dégradation des habitats humides menace l'espèce. Elle souffre également d'empoisonnement au plomb suite à l'ingestion de plombs sur les zones humides polluées.
Bibliographie et sites internet
- BirdLife International (2012). Fiche : Lymnocryptes minimus. http://www.birdlife.org
- SVENSSON L., MULLARNEY K. et ZETTERSTRÖM D.- Le guide ornitho- Delachaux et Niestlé, Paris, 2010.
- CABARD P. et CHAUVET B.- L'étymologie des noms d'oiseaux.- Belin, Paris, 2003.
- LE MARECHAL P. et LESAFFRE G.- Les oiseaux d'Ile-de-France.- Delachaux et Niestlé, Paris, 2000.