Alouette des champs

Conseil Biodiversité
Alouette des champs

© Franz Barth / Corif - LPO Île-de-France

Description

L’Alouette des champs est un oiseau discret, arborant un plumage cryptique, couleur terre, le rendant extrêmement difficile à détecter lorsqu’il est posé au sol au milieu de rocaille ou de touffes d’herbes. Seule l’initiative d’un mâle lançant son chant si caractéristique en vol presque vertical, permet de détecter la présence de l’oiseau. Les rectrices externes d’un blanc pur contrastent alors avec la discrétion du reste du plumage. Les plus chanceux, qui auront réussi à suivre l’oiseau jusqu’à l’atterrissage, pourront observer les subtils détails du plumage. Une courte huppe et un sourcil discret ornent sa tête, la poitrine blanchâtre laisse apparaître quelques stries sombres, et sa queue semble relativement longue comparée à celle de l’Alouette lulu.

Répartition

Cette scène caractéristique des milieux à végétation basse comme les terres cultivées, les prairies, les landes rases, les friches ou bien les dunes peut s’observer partout en Europe, de l’Irlande à l’Oural, en passant par le Portugal, les pays scandinaves et la Turquie. En France, l’Alouette des champs est présente sur l’ensemble du territoire, à l’exception du massif forestier des Landes et des collines du Var. En hiver, à l’arrivée de la neige, elle déserte les hauts reliefs des Alpes et des Pyrénées.

Reproduction, mue, hivernage… la routine

Dès les premières journées ensoleillées de février, quelques chanteurs tentent de se faire remarquer. Les intrus sont exclus des meilleurs territoires, déjà occupés. Le nombre de chanteurs, ainsi que la fréquence de leur chant ne vont cesser d’augmenter jusqu’au mois d’avril. Dans le même temps, les premières parades nuptiales unissent les couples : le mâle hérisse les plumes de la tête et de la poitrine, relève la queue et tourne autour de la femelle, pendant que celle-ci déploie sa queue et fait vibrer ses ailes. Bien que les premiers oeufs apparaissent dès fin mars, la majorité des femelles pondent à la mi-avril dans un nid construit sur un sol pourvu d’une végétation peu dense. Les femelles pondent un œuf par jour, jusqu’à constituer des couvées de 3 à 5 œufs, rarement 6 ou 7, qu’elles couveront seules. Durant les 11 à 14 jours d’incubations, la femelle ne quitte le nid que pour se nourrir. Les plus grandes précautions sont prises : la femelle s’éloigne du nid en rasant la végétation, tapie sur le sol. Parvenue à une distance satisfaisante, elle s’alimente en compagnie du mâle. Le retour au nid s’effectue avec la même discrétion. Ce manège a lieu quotidiennement, en dehors des heures chaudes de la journée. Une fois les œufs éclos, les jeunes sont nourris par les deux adultes.

Les poussins acquièrent un duvet jaunâtre dès les premiers jours, et quittent le nid au bout de 9 ou 10 jours. En l’absence des parents, ils se tapissent dans la végétation, misant sur la discrétion de leur plumage brun jaunâtre moucheté de blanc. Au bout de trois semaines seulement, les jeunes peuvent voler et se nourrir eux-même. Certains jeunes mâles se risquent même à chanter. Une fois émancipés, les jeunes sont chassés du territoire par les parents, qui débutent une seconde nichée fin mai ou début juin.

Dès le mois d’août, les oiseaux semblent avoir déserté les lieux. En réalité, ils se font simplement plus discrets. En effet, la mue rend les oiseaux vulnérables et ce jusqu’au mois de septembre où ils se montreront à nouveau plus actif. C’est à ce moment là que la sécurité du nombre pousse les Alouettes à se rassembler en bande. Aux mois de septembre et d’octobre, les troupes fraîchement établies se voient renforcer par des oiseaux venus des territoires septentrionaux. Certains s’installent pour l’hiver, d’autres continuent leur route pour rejoindre le sud de la France et la péninsule ibérique. Durant tout l’hiver, ces bandes, très mobiles, arpentent nos campagnes à la recherche de nourriture.

À la fin de février, les troupes se dissocient, les premiers migrateurs retournent vers le nord, puis, à nouveau, dès les premières journées ensoleillées, quelques chanteurs tentent de se faire remarquer…

Plats de saison

L’alimentation des Alouettes des champs évolue selon les saisons. Les semences des plantes messicoles, les semis de blé d’hiver puis leurs premières feuilles constituent les principales ressources des hivernants. C’est en avril que la nourriture d’origine animale devient majoritaire (Coléoptères, Orthoptères, Hyménoptères, Araignées, Lombrics…). En parallèle, tout au long de l’année, les Alouettes ingurgitent de petits graviers afin de casser les graines qui sont le plus souvent avalées en entier avec leur enveloppe.

Alouette des champs

© Jacques Coatmeur / Corif - LPO Île-de-France

Menaces

En Europe, les populations d’Alouette des champs ont subi un large déclin entre les années 1970 et 1990. Ce déclin a continué au sein des pays d’Europe de l’Ouest, dont la France, entre les années 1990 et 2000, tandis que les populations d’Europe de l’Est se sont stabilisées.

En France, le programme du Suivi Temporel des Oiseaux Communs par Échantillonnage Ponctuel Simple (STOC-EPS) indique un fort déclin de l’espèce jusqu’au début des années 2000, suivi d’une stabilisation des effectifs.

Les explications du long déclin subi au cours de la seconde moitié du XXe siècle ne sont, ni nouvelles, ni spécifiques à notre Alouette. L’agriculture intensive, le démembrement, la disparition des haies, l’utilisation de pesticides… ont entraîné une stérilisation des habitats et un appauvrissement des ressources alimentaires (plantes messicoles, insectes…). Aujourd’hui, de nombreuses études prouvent que les parcelles en agriculture raisonnée, biologique ou naturelle accueillent une richesse spécifique plus importante que celles subissant des traitements dits conventionnels.

À ces causes, viennent s’ajouter les pressions cynégétiques, particulièrement intensives dans le Sud-Ouest du Pays où la chasse aux pantes provoque la capture d’« infiniment plus que le quota de 600 000 oiseaux officiellement déclaré ». Ailleurs, la chasse au fusil prélève un nombre d’oiseau bien moins lourd.

Symbole et Culture

En Gaule, la première légion levée par César portait le nom de légion de l’Alouette. Les soldats qui la composaient portaient deux ailes d’Alouette déployées sur leur casque. Plus tard, ce symbole inspira Goscinny et Uderzo lors de la création d’Astérix, le Breton résistant.

De nombreux peintres et écrivains se sont inspirés du chant mélodieux de l’Alouette des champs. Ce fut le cas de Jules Breton, un des premiers peintres paysans, lorsqu’il représenta une Alouette chantant en vol, à travers le regard d’une paysanne semblant trouver une sérénité éphémère.

Quelques années plus tôt, Victor Hugo conclut son poème Depuis six mille ans la guerre, par ces vers :

Et l'aube est là sur la plaine !
Oh ! j'admire, en vérité,
Qu'on puisse avoir de la haine
Quand l'alouette a chanté.

Le chant de l'Alouette (Jules Breton - 1884)

Le chant de l'Alouette (Jules Breton - 1884) © Creative Commons / LPO Île-de-France

Bibliographie

  • BIRDLIFE INTERNATIONAL (2004). Birds in Europe: population estimates, trends and conservation status. Cambridge, UK: BirdLife International. (BirdLife Conservation Series No.12). 374 p.
  • LE MARECHAL, P. & LESAFFRE, G. (2000). Les Oiseaux d'Ile-de-France. L'avifaune de Paris et de sa région. Delachaux et Niestlé. Paris. 343 p.
  • YEATMAN-BERTHELOT D. & JARRY G. (1994). Atlas des Oiseaux Nicheurs de France. SOF. Paris. 775 p.
  • YEATMAN-BERTHELOT D. & JARRY G. (1991). Atlas des Oiseaux de France en hiver. SOF. Paris. 575 p.
  • DUBOIS P.-J., LE MARÉCHAL P., OLIOSO G. & YÉSOU P. (2001). Inventaire des Oiseaux de France – Avifaune de la France métropolitaine. Nathan/VUEF, Paris. 397 p.
  • CHANTELAT J.-C. (2003). Les oiseaux de France. Solar - Guide vert, Paris. 479 p.
  • GÉROUDET P. (1980). Les passereaux I : du coucou aux corvidés. Delachaux et Niestlé. Neuchâtel – Paris. 231 p.

Sites Internet 

STOC-EPS, OROC :

INRA, Agriculture et biodiversité :

Fiche rédigée par la LPO Île-de-France