Blaireau d’Europe

Conseil Biodiversité
Blaireaux d'Europe

Blaireaux d'Europe © Fabrice Cahez

Description

Malgré son aspect lourdaud et ses membres courts, ce gros mustélidé ne manque pas de distinction avec sa fourrure argentée et son masque facial très contrasté. Cette originalité évite toute confusion avec les autres mammifères européens de sa taille. Son museau est allongé et musculeux. Ses yeux et ses oreilles sont relativement petits, ces dernières étant ourlées de blanc à leur partie supérieure. Ses pattes antérieures, très puissantes, sont munies de griffes longues et robustes. Sa queue est courte et fournie.

Longueur

  • Longueur mâle : 68,6-80,3 cm
  • Longueur femelle : 67,3-78,7 cm
  • Longueur queue mâle : 12,7-17,8 cm
  • Longueur queue femelle : 11,4-19 cm

Poids

  • Moyenne de septembre à février : 12,2 kg
  • Moyenne en mars : 8,8 kg

Longévité

  • Jusqu'à 15 - 20 ans

Mâle et femelle

Les deux sont semblables, toutefois la femelle a généralement un poids inférieur à celui du mâle.

Juvénile

Les portées sont de deux à sept petits. Le taux de survie n'est cependant que de 50 %. Les jeunes n'étant pas protégés par une couche de poils, ils ne sortiront du terrier qu'au bout d'un mois et demi. Leur mère les allaite pendant environ trois mois. Au mois d'octobre les blaireautins ont atteint leur taille adulte. Ils atteignent leur maturité sexuelle au terme de 2 ans.

Voix

Le Blaireau grogne, aboie, ronronne et émet également des sifflements.

Blaireau qui regard l'objectif

Blaireau d'Europe © Fabrice Cahez

Répartition

Le Blaireau d’Europe est très répandu sur le continent eurasien au sud du cercle polaire. En France métropolitaine, il est présent sur tout le territoire hormis en Ile-de-France.

Alimentation

Totalement omnivore, son régime varie en fonction des ressources alimentaires de son canton. Cependant, certaines catégories d’aliments sont régulièrement absorbées. N’étant pas chasseur comme les autres mustélidés, le Blaireau ne poursuit pas ses proies, pas plus qu’il ne les guette à l’affût. Ceci explique que près des trois quarts de sa nourriture soient composés de lombrics, d’escargots, de limaces ou de vers blancs. Il recherche sa nourriture en marchant, le nez au sol, retournant la litière de feuilles mortes ou fouillant l’herbe avec son museau. Guidé par son odorat, il extrait les proies souterraines en creusant avec ses griffes, déchiquette les vieilles souches ou déterre les nids de guêpes pour déguster larves et couvains. Compte tenu de son inaptitude à capturer des proies rapides, telles que mulots, campagnols, musaraignes ou lapins, tout laisse à supposer qu’il ne consomme que les animaux blessés, malades ou morts, ou les jeunes incapables de fuir. Son menu est complété par des coléoptères, des œufs d’oiseaux nichant au sol, des reptiles, des amphibiens, des mollusques, et par diverses nourritures végétales telles que des fruits, baies, châtaignes, etc.

Comportements

Presque exclusivement nocturne, ou crépusculaire, les blaireaux peuvent parfois sortir sur les gueules des terriers par un bel après-midi ensoleillé. Grégaires, ils vivent habituellement en groupe familial, plusieurs familles formant couramment un clan exploitant un territoire en commun. Les blaireaux d’une autre communauté sont généralement refoulés bien que des relations soient quelquefois entretenues à la périphérie des territoires. A l’intérieur du clan, quelques jeunes mâles ou les plus vieux vivent épisodiquement en solitaire. Animal terrestre, le Blaireau grimpe mal et nage peu, bien qu’il se baigne avec plaisir. Il se déplace en marchant.

Illustration représentant un blaireau

© François Desbordes

Reproduction

La période de reproduction s'étend sur les mois de janvier à mars. Une femelle (la blairelle) peut s'accoupler avec plusieurs mâles d'un même clan, mais les ovules fécondés ne s'implantent dans l'utérus que dix mois après l'accouplement. La gestation dure environ deux mois et les jeunes (les blaireautins), ne naissent qu'en février et mars de l'année suivante.

Habitat

L’habitat type du Blaireau est constitué par un milieu vallonné et boisé, entrecoupé de prairies ou de terres cultivées et pourvu de points d’eau. Toutefois, tous les biotopes sont susceptibles de lui convenir dans la mesure où il peut y établir son terrier en toute tranquillité. C’est ainsi que l’on peut le rencontrer en milieu relativement découvert, dans les régions de bocage, les landes, les maquis, les bosquets, les anciennes carrières ou près des côtes. Il s’installe même à la périphérie des villes, dans les parcs, les terrains vagues, sous les constructions ou les murs. En montagne, il peut monter jusqu’à 2000 mètres d’altitude, mais il se raréfie au-delà de 800 mètres.

Population

En France métropolitaine, la dynamique de l’espèce est très mal connue et aucun protocole de recensement des populations de blaireaux n’a, à ce jour, été validé. Toutefois, on estime à 150 000 individus la population française de blaireaux d’Europe.

Survie et prédation / Menaces

Ses principaux prédateurs sont le renard, le Lynx, l’Aigle, le Grand-duc, le Loup et le Chien. 

Deux blaireaux, têtes côte à côte

Blaireau d'Europe © Fabrice Cahez

Statut

Le blaireau est une espèce chassable qui peut être tuée en nombre illimité par tout détenteur d’un permis sur l’ensemble du territoire entre les dates officielles d’ouverture et de fermeture de la chasse, soit entre début septembre et fin février.

S’il n’est pas officiellement classé parmi les ESOD (Espèce susceptible d’occasionner des dégâts), ce mustélidé est largement traité comme tels et peut faire l’objet de mesures administratives de régulation à l’initiative des préfectures et sous l’autorité des lieutenants de louveterie en cas de dommages avérés sur des exploitations agricoles ou des infrastructures publiques (bords d’autoroute, talus des voies de chemin de fer, digues, etc.). Environ 20 000 blaireaux sont tués chaque année en France, notamment par l’horrible vénerie sous terre ou déterrage, qui consiste à acculer le blaireau dans son terrier par des chiens introduits dans les galeries, puis à creuser afin de le saisir avec des pinces. L’animal est ensuite tué..

Il existe des méthodes alternatives à la destruction pour prévenir les dégâts : emploi de répulsifs, délocalisation des individus ou installation de systèmes de protection des cultures. 

Dans certains départements, la lutte contre la tuberculose bovine sert encore d’argument supplémentaire en faveur de la régulation du blaireau. Cousine éloignée de la tuberculose humaine, cette maladie bactérienne affecte les animaux d’élevage comme les bovins et les porcs, mais aussi des mammifères sauvages tels que les blaireaux, les cerfs ou les sangliers. L’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES) a clairement réitéré dans un rapport publié en 2019 sa position déjà exprimée en 2011 : dans les zones indemnes de tuberculose, soit 96% du territoire français, l’élimination préventive des blaireaux ne peut en aucun cas être justifiée au motif de la lutte contre cette maladie, contre laquelle il existe par ailleurs un vaccin.

Le Blaireau est protégé dans de nombreux autres pays d'Europe (Angleterre, Belgique, Pays-bas…).

Un rôle utile

Par son alimentation, le Blaireau joue un rôle essentiel dans la régulation des rongeurs et des invertébrés comme les larves de hannetons, susceptibles de causer des dégâts dans les cultures. Il consomme également des nids de guêpes, et participe donc à leur régulation. Lorsqu'il fouille le sol pour y trouver sa nourriture, le Blaireau retourne la terre et permet ainsi l’aération des sols.