Cet azuré d’une envergure de 27-32 mm présente un fort dimorphisme sexuel. Le mâle est entièrement bleu (sans ocelle) avec une ligne noire épaisse sur la marge externe (frange) de l’aile ainsi que des nervures noires très apparentes. A l’inverse, la femelle, plus discrète, possède un fond brun très sombre, sans nervure, ni ligne noire. Le thorax est bleuâtre chez les deux sexes et le dessous des ailes est identique. La face inférieure des ailes présente un fond gris-beige pouvant aller jusqu’au brun-gris. Les ocelles* du dessous des deux ailes sont alignées en courbe prononcée. Aucune tache marginale ou submarginale n’est visible. Deux ocelles décalées vers la base de l’aile permettent également d’identifier cette espèce.

Demi-argus femelle

Demi-argus femelle ©️ S.Wroza (Source : INPN)

Face inférieure d’un Demi-argus

Face inférieure d’un Demi-argus ©️ JM. Mourey (Source : INPN)

Ecologie de l’espèce

Le cycle de vie

Le Demi-Argus affectionne particulièrement les milieux mésophiles frais, parfois humides tels que les prairies bocagères fleuries, les prairies inondables, les champs cultivés etc... Il évite les milieux trop secs. Deux à trois générations par an sont visibles de mai à mi-octobre.

Observations mensuelles du Demi-Argus en Ile-de-France (Source : Agence régionale de la biodiversité)

Observations mensuelles du Demi-Argus en Ile-de-France (Source : Agence régionale de la biodiversité)

Les adultes vont pondre sur des fabacées, essentiellement du trèfle (principalement Trifolium pratense et parfois Trifolium repens). Une chenille va éclore de cet œuf et va manger les parties reproductrices de sa plante-hôte (ovaire, graines et fleurs). Elle va ensuite hiberner avant de se réveiller au printemps pour consommer les feuilles.

La chenille est trapue et aplatie latéralement. Elle peut mesurer jusqu’à 12 mm de long. De couleur vert clair, parfois teintée d’ocre, une ligne médio-dorsale vert foncé est visible sur le dessus de la chenille. Elle possède une tête noire brillante.

Une espèce myrmécophile

La chenille du Demi-Argus se retrouve souvent associée aux fourmis de l’espèce Camponotus aethiops et Lasius niger. Les fourmis vont protéger les chenilles des prédateurs en échange d’un miellat qu’elles sécrètent grâce à une glande mellifère dorsale. Cette association avec les fourmis est facultative mais commune.

Effectifs, tendance et statut

Monde

Le Demi-Argus est présent dans toute l’Europe, au Maghreb ainsi que localement en Asie. En Europe, il est classé en préoccupation mineure dans la liste rouge européenne des espèces menacées.

Répartition mondiale du Demi-argus

Répartition mondiale du Demi-argus (Source : INPN)

En France

Le Demi-argus est largement réparti sur l’ensemble du territoire français à l’exception de la Corse et du Finistère.

En France, il est classé en préoccupation mineure selon la liste rouge des rhopalocères de France métropolitaine (2012).

Répartition française du Demi-Argus

Répartition française du Demi-Argus (Source : INPN)

Dans nos régions

En Île-de-France

En Ile-de-France

Absent dans le Val-d’Oise, le Val-de-Marne, les Hauts-de-Seine et Paris, sa présence est certaine en Seine-et-Marne ainsi qu’en Essonne. Cette espèce est classée comme en danger selon la liste rouge régionale. Elle est également considérée comme très rare en Ile-de-France.

Répartition du Demi-argus en Ile-de-France

Répartition du Demi-argus en Ile-de-France (Source : Agence régionale de la biodiversité)

Comment le protéger ?

Le Demi-Argus affectionne les milieux ouverts et peu fauchés. Ainsi il est fortement menacé par le développement de l’agriculture intensive et la régression des prairies. Le drainage des prairies affecte également ce papillon.

Pour conserver au mieux cette espèce, il est nécessaire de maintenir des prairies hautes et ne pas faucher régulièrement. Il est également possible de réaliser une plantation pluri-spécifique avec notamment un semis de trèfle (la plante-hôte du Demi-argus). Ces mesures permettront au Demi-Argus de se reproduire. Consommer des produits bio dans une ferme effectuant de la culture extensive est un bon moyen de faire un geste pour cette espèce.

Le saviez-vous ?

Cette espèce est présente dans toute l’Europe, mais elle a disparu d’Angleterre pour une raison non élucidée… Mystère ! Néanmoins, elle pourrait y être réintroduite.

Bibliographie

Ouvrages

  • HAAHTELA T., SAARINEN K., OJALAINEN P. et AARNIO H. 2017. Guide photo des papillons d’Europe. Edition Delachaux, 384 p.
  • MOUSSUS J.-P., LORIN T., COPPER A.2019. Guide pratique des papillons de Franc. Guide Delachaux, 416p.
  • VANDEWEGHE R., HOUARD X., RICHEUX M. 2022. Plan régional d’actions en faveur des papillons de jour d’Ile-de-France 2022-2026, Office pour les insectes et leur environnement, 68 p.

Sites Internet

Fiche rédigée par Julie DESMIST, adhérente de la LPO Île-de-France