Les Caloptéryx

Conseil Biodiversité

Les Caloptéryx sont des petites libellules (odonates) à l'abdomen fin du sous-ordre des Zygoptères. Ils sont désignés par le terme de "demoiselles" en raison de leur corps frêle. Leurs yeux sont écartés et leurs ailes sont repliées sur le dos au repos. On dénombre 4 espèces de Caloptéryx en France métropolitaine qui vivent près des eaux courantes.

Caloptéryx vierge (Calopteryx virgo) © J.-J. Carlier

Caloptéryx vierge (Calopteryx virgo) © J.-J. Carlier

 

Ordre des odonates

Il existe 96 espèces de libellules en France métropolitaine selon la liste rouge des Libellules de France métropolitaine (UICN, 2016). On distingue deux sous-ordres chez les libellules (odonates) : les Zygoptères et les Anisoptères, que l’on différencie grâce à la forme et à la position de leurs ailes. En effet, les Zygoptères, que l’on appelle aussi demoiselles, ont leurs ailes antérieures et postérieures identiques. Les demoiselles ont aussi un corps fin, et au repos, leurs ailes sont jointives et dressées au-dessus du corps. Les anisoptères (« vraies » libellules) ont des ailes inégales (les postérieures sont plus larges que les antérieures) et elles sont étalées au repos. Les Caloptéryx sont des demoiselles. Ils sont caractérisés par une couleur métallique bleue, verte ou bronze et des ailes colorées chez le mâle.

Une vie entre terre et eau

Ces insectes passent une grande partie de leur vie dans l’eau sous forme de larve alors que les adultes appelés « imagos » ont une vie aérienne. 

Les oeufs : Ils sont déposés sur la végétation aquatique par la femelle. Ils éclosent en moyenne 2 semaines après la ponte chez Calopteryx splendens et C. virgo.

La larve subit plusieurs mues pendant 1 à 2 ans, jusqu’à atteindre sa taille maximale. Au printemps, elle quitte ensuite l’eau pour faire sa dernière mue : elle étend ses ailes et son abdomen et devient un insecte volant. La demoiselle laisse alors derrière elle une exuvie (enveloppe externe de la larve) et se met à la recherche d’un partenaire pour se reproduire.

Accouplement : Lorsque les deux adultes se sont trouvés, l’accouplement peut commencer. Les mâles pratiquent une parade pré-copulatoire avec un vol très particulier où les ailes battent très vite. Lors de ce ballet aérien, le mâle une fois posé redresse l'extrémité de son abdomen pour montrer à la femelle la coloration vive de la face ventrale de ses trois derniers segments abdominaux.

Les mâles peuvent également se poser sur l'eau et se laisser dériver par le courant, l'extrémité de l'abdomen recourbée vers le haut, indiquant aux femelles, la vitesse du courant et donc la qualité du site de ponte.

Les pièces génitales des femelles se trouvent à l’extrémité de l’abdomen, près des appendices anaux, alors que celles des mâles se situent à la base de l’abdomen. Ils doivent donc se contorsionner et former un cœur copulatoire pour se reproduire.

Coeur copulatoire de Caloptéryx, mâle à gauche, femelle à droite / Pixabay

Coeur copulatoire de Caloptéryx, mâle à gauche, femelle à droite / Pixabay

Les œufs ne sont fécondés que lors de la ponte qui se fait en tandem. En effet, le mâle reste avec la femelle pour protéger sa « descendance » des autres mâles. La femelle dépose les œufs dans les tiges des végétaux immergés (elle peut aussi pondre en s’immergeant totalement dans l’eau).

Les odonates sont de grands prédateurs. Larves et imagos se nourrissent d’autres insectes.

Milieux

On trouve les Caloptéryx près des cours d'eau (ruisseaux, rivières, fossés) disposant de berges au moins en partie végétalisée, indispensables à leur reproduction, dans les endroits ensoleillés. Les cours d'eau aux berges abruptes et trop profonds sont désertés par les Caloptéryx (canaux, rivières canalisées...).

Deux espèces courantes sont décrites : le Caloptéryx éclatant et le Caloptéryx vierge.

Le Caloptéryx éclatant Calopteryx splendens

  • Dimensions abdomen (mm) : mâle 33-41 - femelle 33-40
  • Ailes postérieures (mm) : mâle 27-32 - femelle 29-36

Sur les ailes des mâles, on observe une large bande vert bleuté très foncée de la largeur d’un pouce. L'identification des sous-espèces de Calopteryx splendens reste compliquée en raison de la variabilité de l'extension opaque des ailes des mâles.

Biotope : Eaux courantes ensoleillées de basse et moyenne altitude, parfois jusqu'à 1200 m, des grands fleuves aux petits ruisseaux (dont la vitesse du courant est inférieure à 60 cm/s), et fossés permanents.

Caloptéryx éclatant (Calopteryx splendens) mâle © Marine Cornet / Corif-LPO IDF

Caloptéryx éclatant (Calopteryx splendens) mâle © Marine Cornet / Corif-LPO IDF

 

Caloptéryx éclatant (Calopteryx splendens) mâle au bord de l'Allier © Nicolas Macaire / LPO

Caloptéryx éclatant (Calopteryx splendens) mâle au bord de l'Allier © Nicolas Macaire / LPO

Le Caloptéryx vierge Calopteryx virgo

  • Dimensions abdomen (mm) : mâle 33-42 - femelle 31-41
  • Ailes postérieures (mm) : mâle 26-34 - femelle 24-36

Corps vert métallique chez l'adulte mature. Les ailes des mâles sont entièrement colorées de bleu-vert (totalité de l'aile). Au nord de la Loire et des Alpes, on trouve la sous-espèce C. v. virgo. Au sud d’une ligne Caen-Genève, on trouve la sous-espèce C. v. meridionalis. Les deux sous-espèces peuvent coexister et sont par exemple observées en Ile-de-France.

Chez Calopteryx virgo virgo, le mâle a les ailes foncées à reflets métalliques bleus ou verts. L’apex (bout de l'aile) et la base des ailes sont plus clairs, comme délavés sur 1 à 4 mm (apex).

Chez Calopteryx virgo meridionalis, les mâles ont la base des ailes antérieures transparentes (délimitation nette). La coloration bleue, par contre, atteint l'apex.

Caloptéryx vierge (Calopteryx v. meridionalis) mâle © Marine cornet / Corif-LPO IDF

Caloptéryx vierge (Calopteryx v. meridionalis) mâle © Marine cornet / Corif-LPO IDF

 

Caloptéryx vierge (Calopteryx virgo) © Jean-Jacques Carlier

Caloptéryx vierge (Calopteryx virgo) jeune mâle (ailes fumées) © Jean-Jacques Carlier

Biotope : Eaux courantes partiellement ensoleillées, avec une prédilection pour les zones vallonnées ou montagneuses, jusqu'à 1600 m d'altitude en Corse. Les adultes se perchent sur les arbres et les herbes des rives.

Menaces

Les libellules (Anisoptères + Zygoptères) sont menacées par la disparition des zones humides et au remodelage des étangs et des berges des cours d'eau. Les principales menaces sur ces insectes sont :

  • Drainage des zones humides
  • Curage des étangs et fossés (qui affecte les larves aquatiques)
  • Pollution de l'eau
  • Pression humaine et touristique (lacs, plan d'eau)
  • Calibrage des cours d'eau
  • Assèchement des cours d'eau en raison des changements climatiques et des prélèvements pour l'agriculture intensive.
  • Prédation par l'Ecrevisse de Louisiane Procambarus clarkii, espèce exotique envahissante (EEE), introduite dans de nombreux cours d'eau.
  • Capture de certaines espèces rares ou menacées à des fins de collection.

Protection

Les libellules sont de bons indicateurs de la qualité environnementale des zones humides (marais, lacs, tourbières) et des cours d'eau. La présence d'espèces protégées comme la Cordulie à corps fin Oxygastra curtisii ou des leucorrhines permet de définir des zones à protéger.

Les espèces (faune et flore) appartenant à l'Annexe II de la Directive Habitat 92/43/CEE du 21 mai 1992, font l'objet de Zones Spéciales de Conservation (ZSC) pour leur sauvegarde. Ces zones, complétées des zones de protection spéciale (ZPS), forment un réseau européen de sites protégés appelé réseau Natura 2000.

Bibliographie

  • Dijkstra K. & Lewington R. (2007) - Guide des libellules de France et d'Europe. Delachaux et Niestlé, Paris, 320 p.
  • Grand, D., Boudot, J.-P & Doucet, G. (2014) - Cahier d'identification des Libellules de France, Belgique, Luxembourg et Suisse. Collection Cahier d'identification. Biotope, Mèze, 136 p.
  • Grand, D. & Boudot, J.-P. (2017) - Les Libellules de France, Belgique, Luxembourg et Suisse. Collection Parthénope. Biotope, Mèze, 455 p.

Fiche rédigée par les adhérents de la LPO Île-de-France

Version complétée par la LPO France (février 2025)