Elle n'est pas qui on croit...
L'imagination populaire représente généralement les mygales comme de (très) grosses araignées tropicales, velues et dangereuses. Pourtant, une vingtaine d'espèces, beaucoup plus discrètes, vivent en France.
Parmi elles, la Mygale commune, Atypus affinis, est la plus abondante. Elle peut être observée jusqu'au centre de Paris.
Elle n'a pas pris une ride
La Mygale commune, comme son nom l'indique, appartient à l'ordre des mygalomorphes.
Les mygalomorphes, ou mygales, sont des araignées primitives qui existait déjà il y a 400 millions d'années (les mammifères ne sont apparus qu'il y a environ 220 millions d'années).
Une différence entre crochets...
Elles se distinguent des autres araignées par l'orientation de leurs crochets venimeux.
Chez les mygales, les crochets sont verticaux et se déplace du haut vers le bas pour immobiliser leurs proies ou pour se défendre.
Chez les autres araignées, les crochets sont horizontaux et se croisent, comme l'indique la figure suivante :
Comment la reconnaitre ?
La Mygale commune est une araignée "massive", qui mesure entre 7 et 15 millimètres.
Les femelles, comme chez beaucoup d'araignées, sont légèrement plus grandes que les mâles.
Le mâle a un aspect plus svelte.
Chez les deux sexes, le céphalothorax est luisant, de couleur brune à brune-verdâtre. L'abdomen est brun rouge sombre, avec de petites taches grises peu visibles. Les pattes sont luisantes et de la même teinte que le céphalothorax.
Attention : sur le terrain, la Mygale commune est difficile à différencier d'Atypus piceus, mygale beaucoup plus rare dans le nord de la France et en Île-de-France.
Où la rencontrer ?
L'aire de répartition de la Mygale commune s'étend de l'Afrique du Nord au Danemark.
Plutôt thermophile, elle est plus commune au sud de son aire de répartition où elle peut former des "colonies".
La Mygale commune se rencontre sur des sols sablonneux ou calcaires, bien drainés, ensoleillés à mi-ombragés. Elles affectionnent les pelouses calcicoles, les landes, les talus, mais également les chênaies claires et pentues.
A l'abri des regards...
La Mygale commune est un animal solitaire et sédentaire. Les femelles, en particulier, s'éloignent rarement de leur terrier.
Le terrier sert à la fois de demeure, de piège pour la chasse et de protection contre les prédateurs.
A la moindre alerte, la mygale peut facilement en défendre l'entrée.
La Mygale commune creuse un terrier vertical de 20 à 40 centimètres. Le terrier, englobé de soie, est prolongé par un tube de soie recouvert de végétations et de débris, la "chaussette", qui traîne sur le sol (voir Figure).
Lorsqu'une proie (cloportes, mille-pattes, petits insectes rampants) marche sur la chaussette, l'araignée remonte du fond de son tube.
Elle mord sa proie à travers la paroi de la chaussette, puis déchire son tube pour entraîner sa proie au fond du terrier.
La chaussette de l'amour
A l'automne, les mâles adultes se mettent à la recherche de femelles matures qui se signalent en imprégnant leurs chaussettes de phéromones.
Une vidéo à voir : cliquez-ici.
Dès que le mâle trouve la chaussette, il tambourine dessus (voir la photo ci-dessus). S'il n'est pas repoussé, il perce la soie et gagne le fond du terrier pour s'accoupler.
Le mâle et la femelle cohabitent ensuite une partie de l'hiver dans la chaussette.
Au milieu de l'hiver, quand le mâle meurt de vieillesse, il peut être mangé par la femelle.
Les oeufs sont pondus dans un cocon, fixé à la zone supérieure de la partie enfouie de la chaussette. Les oeufs éclosent à la fin de l'été.
Les jeunes restent dans le tube, sous la protection de la femelle, jusqu'au début du printemps suivant, puis ils se dispersent.
Les jeunes deviendront adultes au bout de 4 ans.
Si le mâle ne vit que quelques mois de plus, une Mygale commune femelle peut faire plusieurs pontes et vivre jusqu'à 9 ans.
Victime d'une injuste mauvaise réputation...
Les araignées, dans leur ensemble, provoquent généralement une peur et une méfiance instinctive.
Combien se sont retrouvées écrasées sous une semelle ou un journal juste parce qu'elles étaient trop visibles ou effrayantes pour le quidam ordinaire ?
La Mygale commune, avec ses mâchoires impressionnantes, n'échappe pas à la règle malgré son caractère inoffensif. Son venin n'est pas dangereux et elle mord très rarement l'Homme.
C'est d'ailleurs une des espèces conseillées pour les débutants dans l'élevage des mygales.
...Ou victime de son succès
L'élevage des mygales, en développement aujourd'hui, s'inscrit dans la mouvance des N.A.C. (Nouveaux Animaux de Compagnies) qui consiste à garder chez soi des animaux sauvages n'ayant aucune vocation à être maintenus en captivité, et encore moins à être domestiqués.
Une mygale ne fera jamais preuve d'affection envers son éleveur.
Les réactions des mygales aux manipulations, sources de stress pour elles, sont des réactions de défense en réponse à ce qu'elles perçoivent comme des agressions.
De plus, les prélèvements d'individus dans leur milieu naturel contribue à la raréfaction de l'espèce dans la nature.
L'engouement pour les N.A.C. a poussé la communauté internationale à prendre des mesures de protection pour certaines espèces. La convention CITES, par exemple, réglemente le commerce des espèces animales et végétales et lutte contre le marché noir.
La Mygale commune ne fait actuellement pas l'objet de mesures de protections.
Bibliographie :
- JONES D. (2001) Guide des araignées et des opilions d'Europe, Anatomie, biologie, habitat, distribution... Delachaux et niestlé, 383 p. (Les guides du naturaliste).
- ROBERTS M.J. (2009) Guide des araignées de France et d'Europe Delachaux et niestlé, 383 p. (Les guides du naturaliste).
Sites internet :
- Anonyme Mygale (Imprimée 14 p.)
- BIRAT J.M. Les Atypidae
- le site de la convention CITES
Fiche rédigée par la LPO Île-de-France