Robinier faux-acacia

Conseil Biodiversité

Vrai Acacia ou Robinier faux-acacia ?

Souvent, le terme " Acacia " est utilisé (à tort) alors qu'il s'agit en fait de " Robinier faux-acacia ".
Le vrai Acacia fait partie de la famille des mimosacées et pousse en milieu tropical ou subtropical, il en existe près de 1 500 espèces dont 1 000 uniquement en Australie. Les autres se localisent principalement en Afrique et Asie, et un seul vit en France " l'Acacia dealbata " (appelé familièrement " mimosa d'hiver ").
Le Robinier faux-acacia est quant à lui une tout autre espèce.

Robinier, le plus vieil arbre de Paris

Robinier, le plus vieil arbre de Paris © Mbzt / Wikimedia Commons - LPO Île-de-France

Pourquoi l'appelle- t-on comme cela ?

Ce nom de " Robinier " a en fait été attribué par le naturaliste Carl Von Linné en hommage à Jean Robin un botaniste du XVIème siècle qui fut entre autre le botaniste du roi de France Henri IV.
C'est Jean Roblin qui introduisit cet arbre en France pour l'ornement de jardin, notamment celui du square Viviani dans le 5ème arrondissement de Paris, ce qui en fait actuellement le plus vieil arbre de Paris.
Le Robinea fut plus tard planté pour la qualité de son bois.

Comment le reconnaître ?

Il s'agit d'un arbre très présent en Europe, en France et en Ile-de-France.
Il a une durée de vie plutôt élevée, celle-ci étant en moyenne de 300 ans mais pouvant atteindre jusqu'à 400 ans en Europe.
C'est un végétal de basse altitude qui vit en dessous de 700 mètres, néanmoins il peut supporter le froid jusqu'à - 23 degrés.
Malgré sa croissance rapide (environ 13 mètres en 20 ans), il s'agit d'un arbre de taille moyenne avec une hauteur allant de 20 à 30 mètres.

Tronc et branches

Son tronc en bois dur est de couleur gris à gris foncé-brun avec une écorce épaisse rugueuse profondément crevassée en diagonales ou dans le sens longitudinal.
Ses branches sont épineuses : il s'agit en fait d'une partie de la feuille de l'année précédente (la stipule) qui n'est pas tombée et s'est transformée en épine.

Feuilles de Robinier

Feuilles © Roger Prat / Creative Commons - LPO Île-de-France

Feuilles

Il a des feuilles qui tombent chaque hiver.
En effet, c'est un arbre caduc, ses feuilles sont composées et elles sont constituées d'un grand nombre de folioles ovales toujours en nombre impair et allant de 9 à 21.

Fleurs

Les fleurs blanches qui apparaissent au milieu du printemps, sont constituées en grappes pendantes de 10 à 25 centimètres de long.
Par ailleurs, elles sont parfumées et mellifères, cela nous permet donc de pouvoir déguster un succulent miel d'Acacia.

Fleurs de Robinier

Fleurs © Creative Commons / LPO Île-de-France

Et fruits !

Afin de se reproduire, ce végétal possède de multiples fruits que l'on peut observer sous la forme de gousses aplaties, mesurant de 7 à 12 centimètres de long et contenant plusieurs graines chacune.
Elles restent fixées à l'arbre bien après la chute des feuilles.

Un peu de biogéographie

Originaire du Nord-Est Américain (Virginie, Alabama, Géorgie ou encore Pennsylvanie), le robinier fut utilisé par les Amérindiens dans le passé pour faire des flèches empoisonnées, puis il fut importé il y a un peu plus de 400 ans à Paris, et est maintenant considéré comme une espèce invasive.

Robinier carte Amérique

© Creative Commons / LPO Île-de-France

Aujourd'hui il s'est imposé presque partout en Europe, ainsi qu'en Australie et en Nouvelle-Zélande.
Avec près de 3,2 millions d'hectares dans le monde, il est la troisième essence de feuillus de plantation après le peuplier et l'eucalyptus.

Robinier carte du monde

Fond de carte © histgeo.ac-aix-marseille.fr / LPO Île-de-France

Pourquoi le Robinier est une espèce invasive ?

Tout d'abord reprenons la définition d'une espèce invasive ; une espèce invasive ou exotique envahissante est une espèce introduite, par erreur ou volontairement, dans un écosystème, et qui a un fort pouvoir de colonisation :
croissance et multiplication très rapides.
De plus il faut qu'elle risque d'engendrer des nuisances environnementales, économiques ou de santés humaines.

Le Robiniea pseudoacacia a une grande capacité à appauvrir considérablement les habitats où il se trouve grâce aux nitrates qu'il libère dans le sol en fixant l'azote atmosphérique au niveau des racines et enrichit le milieu.
Même si quelques espèces telles l'ortie arrivent tout de même à survivre, la plupart de l'écosystème risque d'être détruit.
De plus le faux-acacia a une croissance assez rapide ce qui renforce sa nuisance environnementale.
Enfin il a l'avantage de pousser sur de nombreux sols : pelouses, friches, remblais, terrains vagues, décombres, clairières forestières...
c'est tout cela qui fait de lui une espèce exotique envahissante et peu appréciée des botanistes, jardiniers et autres naturalistes.

L'utilisation du bois de Robinier

Son bois est recherché pour la fabrication de barriques et de menuiserie extérieure, ainsi que pour les piquets de vigne ou de clôture, ou encore pour les traverses de chemin de fer.
Les facteurs d'arcs l'utilisent beaucoup également.

Quels usages thérapeutiques ?

Le Robinier faux-acacia a la chance d'avoir de nombreuses propriétés médicales, que ce soit ses feuilles, ses fleurs ou encore ses racines.

Tout d'abord, les feuilles ont des propriétés principalement antispasmodiques, mais sont aussi utilisées en infusion pour lutter contre l'acidité gastrique.
Ensuite, le Robinia pseudo-acacia est connu pour les propriétés toniques de ses fleurs.
De plus, dans les pharmacopées traditionnelles, ses racines et son écorce sont aussi utilisés pour leurs effets purgatifs, laxatifs et vomitifs.
Enfin le remède homéopathique qui est tiré de son écorce est utilisé contre les troubles gastriques.

Par ailleurs, en Amérique du Nord, les graines (préalablement bouillies) de cet arbre merveilleux continuent encore aujourd'hui, à être consommées par les Amérindiens, en guise de complément alimentaire.

Bref, tout est bon dans le Robinier… ou presque. Cette plante contient une certaine toxicité dans ses racines et son écorce.
En effet, il contient de la robinine, de la robine ainsi que de la phasine qui, utilisées en dosage non approprié, peuvent être dangereuses.

Consommation et Dégustation

Si le Robinier faux-acacia est très utile médicalement, il n'en est pas moins producteur de délices sucrés pour nos desserts ou tout autre petit encas occasionnels.
Les magnifiques fleurs blanches sont comestibles crues mais attention à ne pas être trop gourmand; éviter d'en manger des quantités trop grandes au risque d'intoxication alimentaire.
Elles sont aussi consommables en beignets ou en sirop.
Celles-ci servent également à confectionner une boisson tonique par macération de 15 à 20 grammes de fleurs dans un litre de vin rouge.
Et tout cela permet en plus de limiter sa propagation en empêchant la production de graines.

Et surtout le Robinier produit un miel soit vendu à tort sous l'appellation "miel d'Acacia", soit étant simplement un composant d'un miel à base de fleurs diverses et variées, comme c'est le cas dans le parc forestier de la Poudrerie à la maison des abeilles.

Fiche rédigée par les adhérents de la LPO Île-de-France

 

Bibliographie