Orvet fragile

Conseil Biodiversité

L'Orvet fragile est un reptile étrange, moitié lézard, moitié serpent, dont l’aspect luisant le fait ressembler à un ver. Il s'agit en réalité d'un lézard sans pattes (apode) marron, assez fin, autrefois commun dans les jardins où il se nourrit des limaces et des escargots. Son écologie n'est pas très bien connue mais l'espèce semble menacée.

Orvet fragile (Anguis fragilis) © Christian Aussaguel

Orvet fragile (Anguis fragilis) © Christian Aussaguel

Étymologie

Le nom scientifique Anguis fragilis vient du latin angustus (« étroit ») et fragilis (« fragile, cassant »).

Il est aussi appelé "lézard de verre" car sa queue se brise facilement comme celle de nombreux lézards, c'est l'autotomie(1), mais elle ne se régénère pas.

Description

  • Longueur : 30-40 cm (mâle) ; 50 cm (femelle)
  • Tête : petite et tubulaire
  • Museau : conique et arrondi
  • Œil : iris rond
  • Queue : arrondie au bout, capacité d'autotomie caudale.
  • Couleur : variable en fonction de l’âge et du sexe : jaune pâle, brun foncé, bronze, rougeâtre, grisâtre, bleu...
  • Longévité : 20 ans en moyenne (54 ans maximum connu).

L’orvet est un lézard serpentiforme, à écailles lisses et brillantes. Sa tête est courte, et son museau arrondi. Les yeux ont des paupières mobiles. La queue est longue mais ne se distingue pas facilement du tronc. La coloration dorsale est variable : brun plus ou moins foncé ou encore jaunâtre, grise ou cuivrée ;  flancs sombres ; on peut quelquefois observer des écailles bleues chez les populations orientales. La face ventrale est claire.

Répartition

On le trouve dans toute l’Europe de l’Ouest, sauf en Irlande, le sud de l’Espagne, les îles méditerranéennes et le nord de la Scandinavie. On trouve des espèces proches d'orvets dans l'est de l'Europe, le sud et en Russie (voir carte ci-dessous).

  • Anguis colchica : Russie, sud Finlande, Europe de l'Est).
  • Anguis veronensis - Orvet de Vérone : Italie et Sud-Est France.
  • Anguis graeca : Grèce
  • Anguis cephallonica : sud péninsule des Balkans.
Carte l'Orvet fragile (Anguis fragilis) et espèces proches © wikispecies

Carte de répartition de l'Orvet fragile (Anguis fragilis) et espèces proches du groupe Anguis © wikispecies

Habitats

Il fréquente de nombreux habitats, surtout en plaine : lisières, divers boisements, y compris ceux de résineux purs, le bocage, les haies, les abords de voies ferrées, les milieux rocheux, les friches et landes.

Il aime avant tout les petits biotopes légèrement humides, avec un couvert végétal assez dense pour se dissimuler : bandes enherbées, fougères, ronces, mousses, petits tas de feuilles mortes… On peut le trouver jusqu’à 1 200 mètres en montagne (exceptionnellement 2 000 m).

Orvet fragile (Anguis fragilis) © Stanislas Wroza

Orvet fragile (Anguis fragilis) © Stanislas Wroza

 

Reproduction

Le long accouplement a lieu en mai-juin. Il peut durer plus de 20 heures et, est souvent précédé de combats violents entre mâles. L'orvet est une espèce ovovivipare(2). La femelle pond entre août et septembre. L’évolution des embryons demande 3 mois environ. Le nombre de jeunes est en moyenne de 6 à 12. Ils mesurent de 4 à 7 cm. Maturité sexuelle : 4 ans.

Hibernation

Il hiberne sous terre d’octobre à mars, dans un terrier creusé par lui-même ou une cavité. Le terrier peut faire jusqu’à 70 cm de profondeur, c’est pourquoi il préfère les sols meubles, dans un lieu humide et frais. Il arrive souvent qu’il soit délogé à cette saison, sous une botte de foin, un tas de feuille, des cartons,… Il recherche avant tout la tranquillité. L’orvet redevient actif quand la température extérieure se situe entre 14 et 29 °C.

Crédit : istockphoto

Nourriture

L’orvet est un lézard fouisseur qui passe une bonne partie de son temps sous terre. C’est un carnivore chassant à l’aube et au crépuscule, souvent après la pluie. Il se nourrit principalement de limaces et d’escargots, et aussi de petits vers-de-terre et d’autres invertébrés tels que les araignées et les larves.

Petits biotopes du jardin favorables à l'orvet

  • Plantations : préservez vos haies, vos friches et conservez les parterres de hautes herbes.
  • Les tas de compost « ouverts » sont appréciés : l’orvet évite les milieux très humides ou complètement secs, mais il aime les milieux frais. Les composteurs en plastique sont à bannir car ils ne permettent pas à l’orvet de ramper à l’intérieur. Les composteurs fait maison avec des planches sont bien adaptés.
  • Quelques petits tas de feuilles de 50 cm de côté, exposés au soleil mais près d’une végétation luxuriante sont appréciés : attention de ne les soulever que très occasionnellement !
  • Une tôle métallique (en fer ou en zinc) à reptiles peut servir à emmagasiner la chaleur en dessous : l’orvet n’aime pas prendre le soleil à découvert.
  • De grosses bûches placées à même le sol dans un endroit protégé du jardin fournissent des cachettes.
  • Des petits corridors créés au sein d’une végétation touffue sont appréciés par l’orvet.
Orvet fragile (Anguis fragilis) / istockphoto

Orvet fragile (Anguis fragilis) / istockphoto

Menaces

Bien que colonisant une grande variété d’habitats, l'orvet fait de plus en plus l’objet de destruction intentionnelle : destruction des haies, friches, bocages ou directement des individus, alors confondus avec des serpents. Sa population semble en déclin en France (source : MNHN).

Il est nécessaire de prendre garde lorsqu'on déplace un tas de feuilles à ne pas déloger des orvets qui se seraient réfugiés dessous. 

  • Produits chimiques : pesticides, désherbants, fongicides... et autres polluants toxiques accumulés dans ses proies.
  • Fragmentation des habitats, urbanisation.
  • Collisions routières.
  • Prédation du chat domestique (dans les jardins).
  • Ses prédateurs naturels sont : la Coronelle lisse, les couleuvres, les rapaces diurnes et nocturnes et les petits carnivores (Renard roux, Genette...).

Statut 

  • Espèce intégralement protégée en France. Loi sur la protection de la nature du 10 juillet 1976 et par l'arrêté du 8 janvier 2021 fixant la liste des espèces d'amphibiens et de reptiles protégés sur le territoire national. "Sont interdits, sur tout le territoire métropolitain et en tout temps : la destruction ou l'enlèvement des œufs et des nids, la destruction, la mutilation, la capture ou l'enlèvement des animaux".
  • Statut UICN : préoccupation mineure (LC) en France - non évalué au niveau international.

Bibliographie

  • Les Reptiles de France, Belgique, Luxembourg et Suisse. Vacher J.-P. & Geniez M. (2010) – Éditions Biotope, Mèze, 544 p.
  • Le guide herpéto, amphibiens et reptiles d’Europe. Arnold N. & Ovenden D. (2009) – Éditions Delachaux et Niestlé, 287 p.
  • Guide des Reptiles de France. Fretey J. (1987) – Éditions Hatier, Paris, 255 p.

(1) - Autotomie : En cas de danger, l'orvet peut volontairement détacher le bout de sa queue pour tromper un prédateur. C’est d’ailleurs cette faculté qui lui a value le nom de « serpent de verre ». Dans ce cas, la queue ne repousse pas bien et se limite à un moignon de quelques centimètres. Chez le Lézard des murailles (Podarcis muralis), contrairement à l'orvet, la queue repousse.

(2) - Ovovivipare : désigne une espèce dont les œufs éclosent à l'intérieur du corps maternel. Il n'y a pas d'incubation des œufs à l'extérieur comme chez les oiseaux ou certains reptiles ovipares (tortue, alligator…).