Portrait d’un discret prédateur
Le Putois d’Europe (Mustela putorius) est un petit carnivore au corps allongé, parfaitement adapté à l’exploration de terriers et de tunnels. Son pelage brun à noir, marqué de zones plus claires sur le museau et les oreilles, lui confère un masque facial caractéristique. Solitaire et territorial, il fréquente les lisières forestières, les zones humides et les milieux agricoles extensifs. Son régime alimentaire est dominé par les rongeurs, notamment les campagnols et surmulots, mais il peut aussi consommer des lapins de garenne, des oiseaux, des invertébrés et même des amphibiens. Ce rôle de régulateur en fait un allié précieux pour l’agriculture, en maintenant les populations de nuisibles en dessous du seuil de nuisibilité.
Une espèce en déclin malgré son potentiel
Bien que sa répartition couvre une grande partie du territoire français, le putois est aujourd’hui en mauvais état de conservation. Il est rare ou absent dans de nombreux secteurs, et ses populations sont fragmentées, ce qui entraîne un appauvrissement génétique préoccupant. Malgré un potentiel reproductif élevé — avec des portées de cinq jeunes en moyenne et une maturité sexuelle précoce — l’espèce ne parvient pas à se rétablir durablement. Les menaces sont multiples : collisions routières, intoxications involontaires (pesticides, raticides), destruction des habitats et fragmentation des milieux. Retiré de la liste des espèces susceptibles d’occasionner des dégâts (ESOD) en 2021, le putois bénéficie désormais d’un statut de protection renforcé.
Préjugés et réalités écologiques
Souvent accusé à tort de nuire à la biodiversité, le putois, comme d’autres prédateurs (fouine, belette, martre), joue en réalité un rôle essentiel dans les écosystèmes. Il régule les populations à forte reproduction, limite la propagation des maladies et agit comme équarrisseur naturel. Les rares cas d’attaques sur les poulaillers ou petits élevages familiaux sont marginaux et non documentés. De plus, le putois ne transmet aucune maladie à l’Homme ni aux animaux domestiques. Avant d’incriminer les prédateurs, il est essentiel d’analyser les véritables causes de la disparition de certaines espèces : artificialisation des sols, usage de produits phytosanitaires, destruction des haies et des habitats naturels.
Vers une cohabitation apaisée
Le putois s’approche rarement des habitations humaines, ce qui rend la cohabitation relativement simple. Pour protéger un élevage, il suffit de mettre en place des mesures préventives efficaces : grillage enterré et recourbé, fermeture nocturne des trappes, ramassage quotidien des œufs. Le putois est un prédateur discret, utile et injustement mal-aimé, dont la préservation est essentielle à l’équilibre des milieux naturels.
Pour en savoir plus
- Consultez nos recommandations sur notre fiche médiation « Putois d'Europe », en bas de page
- Regardez l'épisode 3 (saison 2) de notre web-série « Colocataires sauvages » : Fouine, Belette… Changez d’idées sur les mustélidés !