Pour un « environnement naturel sain » parmi les Droits de l'homme

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BirdLife International, la principale fédération mondiale de conservation de la nature, que la LPO représente en France, demande aux Nations Unies à ce que disposer d’un environnement naturel sain devienne un droit humain universel. 

Affiche 1 Planet 1 Right avec deux Chevêches d'Athéna

© BirdLife International

Dans une lettre ouverte adressée au Secrétaire Général de l’ONU António Guterres (et publiée intégralement ci-dessous), BirdLife International propose d'ajouter un “Article 31" à la Déclaration universelle des droits de l'homme, consacrant ainsi le droit universel à un environnement sain. S'il est adopté, cet amendement sera le premier ajout depuis la naissance de ce document fondamental en 1948.

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la Déclaration universelle des droits de l'homme définit pour la première fois les droits humains fondamentaux devant être protégés au niveau mondial. Ses 30 articles couvrent des sujets tels que la torture, l'esclavage et l'éducation, mais aucun n’aborde la préservation de l'environnement, pourtant essentielle à la vie humaine. 

La lettre demande que cet article 31 sur le droit à un environnement naturel sain soit inscrit à l'ordre du jour du sommet sur la biodiversité de l'Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2020, avec pour objectif ultime son approbation en décembre 2023 lors du 75e anniversaire de l'adoption de la Déclaration universelle.

Cette lettre s'inscrit également dans le cadre d'un effort plus large visant à améliorer les politiques globales en matière de climat et de biodiversité, et constitue également une invitation ouverte au reste de la société civile à apporter sa contribution; l'inclusion du droit à un environnement naturel sain est un objectif que nous devons tous soutenir si nous voulons protéger notre bien-être et assurer notre survie.

"COVID-19 est la plus grande crise globale depuis la Seconde Guerre mondiale. Elle trouve ses racines dans la destruction d'habitats naturels et le commerce d'espèces sauvages. Mais si la pandémie est dévastatrice, elle donne aussi aux dirigeants mondiaux une opportunité de transformer la société, de protéger notre bien-être et celui des générations futures", à déclaré Patricia Zurita, Présidente de BirdLife International. "La santé de notre planète est notre santé. Nous, les humains, dépendons de la nature pour notre survie ; pourtant nos actions ont perturbé l'équilibre naturel de la Terre".

Pour en savoir plus, et pour signer la pétition publique de BirdLife en faveur de l'article 31, veuillez consulter le site www.birdlife.org/article31

La traduction française de la lettre envoyée au Secrétaire Général des Nations Unies : 

 21 avril, 2020

À Son Excellence António Guterres

Secrétaire Général des Nations Unies 

Votre Excellence,

Aujourd'hui, 50ème anniversaire du Jour de la Terre, comme si sa rotation incessante s´était ralentie voire même arrêtée, le coronavirus a créé un défi sans précédent.  Il nous rappelle à tous notre fragilité et le lien intime qui nous unit à notre planète et à la nature.

Qu’on soit confiné à domicile en tentant de maintenir une distance sociale désormais nécessaire, ou en train de braver héroïquement le risque de contagion afin de prendre soin des malades et des mourants ou maintenir des services publics essentiels, la même question résonne dans toutes les têtes : comment en sommes-nous arrivés là ?

C'est pourquoi, en ce moment charnière de l'histoire de l'humanité, nous avons besoin du leadership des Nations Unies. La santé de notre planète, de nos écosystèmes, de nos économies, ainsi que la nôtre, exige aujourd'hui que l'Assemblée Générale reconnaisse notre droit universel à un environnement sain garanti par des politiques publiques fondées sur la durabilité, la science et le savoir des peuples.

Nous vous invitons, vous implorons même, de soutenir l’ajout à la Déclaration universelle des droits de l'homme d’un nouvel article 31, qui reconnaisse le droit à un environnement sain. En la plaçant dès septembre prochain à l'ordre du jour de l'Assemblée Générale des Nations Unies, cette inscription pourrait être finalisée en décembre 2023, lors de la commémoration du 75e anniversaire de l'adoption de la Déclaration Universelle.

Nous savons que malgré les décès, le chagrin et l’impact économique, l’humanité survivra au coronavirus. Mais nous n'échapperons pas à la crise climatique et à l’effondrement de la biodiversité, si étroitement liés. Nous constatons à quel point notre négligence envers la planète affecte déjà d'autres droits humains universels tels que le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité.

La science est désormais claire : les mesures nécessaires pour sauver les écosystèmes planétaires doivent impérativement être prises au cours de la prochaine décennie, cruciale. S'ils ne sont pas combattus de manière décisive, les effets du réchauffement climatique et de la perte de biodiversité  auront pour l’humanité des conséquences irréparables sur les plans sanitaires et économiques.

En 1948, la Déclaration initiale des droits de l'homme s’est écrite avec les cendres de la Seconde Guerre mondiale. A notre tour aujourd’hui de relever le défi et mieux nous comporter envers notre planète. L'inspirante et déterminée Greta Thunberg, et l’élan mondial de la jeunesse qu'elle porte, incarnent les inquiétudes des générations futures face à notre incapacité à assurer la santé de notre planète. Nous risquons en effet de miner les Objectifs de Développement Durable de l'Agenda 2030.

Nous sommes conscients qu’étendre la Déclaration universelle des droits de l'homme est un acte majeur, voire sacré. Mais nous sommes convaincus que la crise actuelle requiert courage et leadership pour stopper l'effondrement des écosystèmes et le réchauffement de la planète. Il n'y a rien de plus sacré que notre magnifique Terre, et peut-être n'y a-t-il jamais eu de moment plus important pour consacrer un droit de l'homme encourageant à la respecter. 

BirdLife International, fondée en 1922 peu après la Société des Nations, est une grande famille de citoyens, scientifiques et protecteurs de l'environnement originaires de plus de 100 pays. Nous partageons tous cette responsabilité historique, en tant qu'observateurs de la société civile reconnus par les Nations Unies. Par conséquent, nous vous incitons humblement à soulever cette question lors de la prochaine Assemblée Générale des Nations unies en septembre.

Nous apprécions l'attention urgente que vous porterez à cette demande et nous tenons prêts à mobiliser les citoyens de la planète afin de soutenir cet appel capital.

Sincèrement,

Patricia Zurita

Directrice exécutive de BirdLife International