Les noctules, des chauves-souris très discrètes et menacées
Il existe trois espèces de noctules : la noctule commune, la noctule de Leisler et la grande noctule. Ces chauves-souris migratrices, très fragiles, en fort déclin en France ces 10 dernières années (-80% de la population pour la noctule commune) sont des espèces arboricoles affectionnant particulièrement les alignements de platanes en bord de cours d’eau. Les individus se regroupent dans d’anciennes loges de pics ou autres trous dans les arbres. Parfois, certaines colonies trouvent refuge dans le bâti (joints de dilatations d’immeuble et de pont, combles).
Les noctules sont protégées à l’échelle nationale et listées à l’annexe IV de la directive européenne « Habitats Faune Flore ». En France, les populations de noctules communes se répartissent en très forte majorité dans le centre et au nord du territoire. Ainsi la région Centre-Val de Loire à un rôle majeur à jouer pour la préservation de cette espèce. L’ampleur de son déclin constaté et la faible capacité de restauration des populations (1 jeune par femelle et par an, espérance de vie courte estimée à 2,2 ans) menacent à moyen terme la viabilité de ses populations.
Concernant la noctule de Leisler, seulement deux importantes colonies de mise-bas sont connues pour la région, dans le département du Cher. Quant à la grande noctule, espèce classée vulnérable dans le monde, elle est encore méconnue et très rarement inventoriée en région.
Les principales menaces pesant sur ces chauves-souris de haut vol proviennent de l’accidentologie liée aux éoliennes, la gestion sylvicole inappropriée (diminution du nombre de gîtes), la rénovation thermique des bâtiments et le piégeage dans les tubages de cheminée ou de poêle. Autant de raisons qui nous ont poussé à lancer une grande enquête en faveur des noctules en 2022.
Une enquête consacrée aux noctules lancée en Indre-et-Loire cet été
Cet été, des prospections ont été réalisées dans tout le département pour essayer de localiser des sites accueillant des noctules communes et de Leisler, Pendant plusieurs mois, nous sommes partis à la recherche des arbres gîtes accueillant ces espèces. Accompagnés de bénévoles, nous avons prospecté les zones pouvant abriter des regroupements de noctules. Pour les recenser, nous avons notamment utilisé la technique de l’écoute active (lorsque ces espèces se regroupent en colonie, les individus émettent des cris sociaux que l’on peut entendre à l’oreille, pour communiquer entre eux) et la pose d’enregistreurs à ultrasons avec analyse des enregistrements.
Des colonies de noctules et une nouvelle espèce découvertes !
Les prospections et des signalements de particuliers auront permis de trouver au moins 3 regroupements de noctules communes (dont 1 colonie de mise bas), 1 colonie de mise bas de noctule de Leisler mais aussi la confirmation d’une découverte d’importance pour notre département !
En fin d’été dernier, un enregistreur a également été posé dans les allées de platanes du Château de Chenonceau. Les enregistrements ont confirmé la présence d’au moins 9 espèces de chiroptères, dont les deux espèces de noctules régulièrement contactées : la noctule commune et la noctule de Leisler. Mais surtout, une troisième espèce de noctule a été enregistrée, la Grande Noctule, confirmant ainsi la présence d’une nouvelle espèce de chauves-souris dans notre département !
La grande noctule, plus grande chauve-souris d’Europe avec 45 cm d’envergure, est très mal connue en Indre-et-Loire avec seulement quelques rares données acoustiques datant de 2018, en bord de Loire sur les communes de Rigny-Ussé et La Chapelle-aux-Naux. Dans un contexte général de déclin de l’espèce, il s’agit donc d’une découverte d’exception pour notre département !