Zoom sur l'Oie des moissons

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Trois espèces d’oies grises hivernent habituellement dans notre région : l’Oie cendrée, l’Oie rieuse et celle qui nous intéresse aujourd’hui : l’Oie des moissons (Anser fabalis).

Oie des moissons

© Fabrice Croset

À peu près de la même taille que les deux autres, elle se reconnaît à sa tête et son cou assez sombres contrastant avec son corps pâle, son bec sombre épais et court à pointe orange et ses pattes orange. A noter que cette description correspond à la sous-espèce « rossicus » qui niche dans la toundra sibérienne. Les oiseaux nichant dans la taïga en Scandinavie, un peu plus grands et plus fins, au bec plus long et plus orange, parfois considérés comme appartenant à une espèce distincte, ne fréquentent pas notre région.
Nichant très au nord en Sibérie, l’Oie des moissons de la toundra arrive sur ses lieux de nidification fin mai. 3 à 8 œufs sont pondus début juin. Ils seront couvés pendant 4 semaines et les jeunes seront prêts à prendre leur envol 2 mois plus tard. Des études ont montré que le succès de la reproduction pouvait être fortement corrélé à l’abondance des lemmings, les couvées étant plus fortement prédatées par les renards polaires lorsque ces rongeurs, dont les populations sont très fluctuantes, sont très peu nombreux. Les conditions climatiques jouent également un rôle important dans cette réussite. Les Oies des moissons se rassemblent en grand nombre sur certains sites sibériens et du grand nord finlandais pour muer avant d’entreprendre leur migration vers le sud. Les premiers oiseaux sont habituellement observés chez nous en octobre – novembre mais les effectifs les plus importants sont notés à partir de la mi-décembre. Le départ des hivernants a lieu en mars.

Un déclin très marqué dans notre région

L’Oie des moissons était, au début des années 80, l’oie la plus nombreuse dans notre région avec des effectifs pouvant dépasser 3.000 individus. Elle est aujourd’hui la plus rare des trois espèces avec, sauf en cas de forte vague de froid dans les régions nordiques, seulement quelques dizaines d’oiseaux présents. Ce déclin spectaculaire n’est pas lié à raréfaction de l’espèce mais résulte, semble t-il, d’une contraction de son aire d’hivernage vers le nord liée au réchauffement de notre climat.

Gérard Rolin