Jardiner avec la nature et en faveur du climat

Jardiner avec la nature et en faveur du climat

Le dérèglement climatique est un défi qui concerne l’humanité entière. La COP27 à Charm el-Cheikh a réaffirmé l'objectif de limitation de l'augmentation de la température mondiale à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels. Pour cela, nous devons limiter nos émissions de CO2 dans l’atmosphère responsables des changements climatiques.

Jardinage biologique © Jonathan Kemper / Unsplash

Jardinage biologique © Jonathan Kemper / Unsplash

Le CO2 libéré provient principalement de la surexploitation des énergies fossiles : pétrole, charbon, gaz. Le CO2 et d’autres gaz comme le méthane CH4 sont responsables de l’effet de serre et entraînent une augmentation de la température globale de la planète. D’autres phénomènes d’origine anthropique interviennent dans la libération du carbone dans l’atmosphère, comme le déboisement, l’artificialisation des sols, l’assèchement des zones humides… La dégradation des écosystèmes est à l’origine d’une source importante d’émissions de gaz à effet de serre, contribuant directement aux changements climatiques. Ce sont les habitats naturels de la faune et de la flore sauvages qui disparaissent petit à petit alors que nous devrions les préserver. Nous pouvons cependant agir à notre échelle, près de nos habitations, dans nos jardins, pour limiter les changements globaux qui menacent l’Homme et la nature.

Le maintien des petits habitats naturels des jardins protège la faune et la flore sauvages et participe à lutter contre les changements climatiques. L’enjeu est de taille puisqu’il y a 1 million de jardins privés en France (soit une superficie totale de 1,2 million ha) et que 58% des Français disposent d’un jardin privé (source INSEE - enquête habitat 2017).

L'effet de serre augmente en raison des taux élevés de CO2 et de méthane dans l'atmosphère © Ezekiel / Unsplash

L'effet de serre augmente en raison des taux élevés de CO2 et de méthane dans l'atmosphère © Ezekiel / Unsplash

En choisissant les bonnes pratiques de jardinage respectueuses de la nature, nous participons à réduire notre impact sur l’environnement. Les techniques douces de jardinage, d’entretien et de gestion écologique limitent la libération de carbone dans l’atmosphère. Plus nous sommes nombreux à mettre en place des gestes favorables au maintien de la biodiversité, aux milieux naturels ou aux économies quotidiennes, plus nous avons d’impact pour limiter les effets des changements climatiques. Nous proposons ici des bonnes pratiques pour jardiner avec la nature, dans son jardin, sur son balcon, sa cour, sa terrasse…

De nombreux particuliers comme vous ont déjà adopté ces pratiques mais nous pouvons aller plus loin ! Nous vous encourageons à faire découvrir autour de vous (auprès de vos amis, voisins, collègues, votre famille…) les actions aidant à réduire notre impact sur le climat.

Actions pour lutter contre les changements climatiques, dans mon jardin, sur ma terrasse, sur mon balcon...

Action #1 Je plante un arbre / un arbuste indigène et/ou une haie sauvage

Les arbres et arbustes indigènes sont bénéfiques puisqu’ils procurent le gîte et le couvert à la faune sauvage mais également par leur capacité à stocker le carbone (C) de l'air par le processus de la photosynthèse. C’est grâce à la chlorophylle, un pigment contenu dans les feuilles, que les arbres et les plantes ont la capacité de capter le carbone (C) de l’air. Le processus d’évapotranspiration créé par la photosynthèse, la température de surface de la végétation ainsi que l’ombre portée, ont un impact significatif sur le bilan thermique de l’atmosphère aux alentours, créant de précieux îlots de fraîcheur. Planter des arbres, une haie champêtre dans son jardin ou même un petit arbuste en bac sur son balcon participe à lutter contre les changements climatiques.

Voir le geste Refuge « Je plante et préserve des variétés locales d’arbres et d’arbustes »

Plantation d'un petit chêne © Nicolas Macaire

Plantation d'un petit chêne © Nicolas Macaire

Action #2 Je préserve des zones d’herbes hautes et de fleurs sauvages

Les herbes hautes et les fleurs sauvages participent à l’équilibre écologique de votre terrain. Elles maintiennent l’humidité du sol, forment des zones refuges pour la microfaune, participent à la vie du sol en abritant de nombreuses petites bêtes : chenilles, invertébrés, araignées…  Les plantes captent le carbone (C) de l’air, comme les arbres, lors du processus de photosynthèse pour leur croissance. Leur rôle est aussi important que celui des arbres.

Voir le geste Refuge « Je laisse des zones naturelles d’herbes hautes et de fleurs sauvages »

Action #3 Je préserve le bois mort, les tas de branches et de feuilles

Ne brûlez pas les branches, les feuilles ou le bois mort ! Les feux de jardin libèrent inutilement du carbone (C) dans l’air lors de la combustion alors que ces matériaux sont très utiles pour la petite faune sauvage en se dégradant. Les tas de branches mortes et de feuilles sont également bénéfiques à l’hibernation du hérisson d’Europe, à l’orvet fragile, aux amphibiens... Le tas de bois est utile aux insectes coléoptères dont certaines larves se nourrissent du bois mort.

Voir le geste Refuges « Je favorise les gîtes naturels et aménage mon jardin pour accueillir la faune sauvage »

Le hérisson d'Europe hiberne parfois dans les tas de feuilles mortes © IStock

Le hérisson d'Europe hiberne parfois dans les tas de feuilles mortes © IStock

Action #4 Je préserve le sol de mon jardin

L’artificialisation des sols, y compris au niveau d’un jardin, dégrade fortement leur capacité à stocker du carbone comparativement à des écosystèmes naturels comme les prairies ou les forêts. C’est pourquoi il est essentiel de maintenir une couverture végétale stable et saine qui va favoriser l’infiltration de l’eau et ainsi limiter le ruissellement et l’érosion tout en réduisant les risques d’inondation et de glissement de terrain.

Evitez de retourner le sol, de répandre des graviers ou un revêtement étanche par-dessus le sol. Préférez la terre nue dès que c’est possible ou bien les zones enherbées. Evitez également d’utiliser du terreau de tourbe qui détruit ces milieux (les tourbières) très rares et fragiles.

Voir le geste Refuge « Je limite mon emprise sur le sol vivant »

Action #5 Je construis une mare naturelle

Les zones humides (mares, prairies humides, ruisseaux, rivières…) participent au bon fonctionnement du cycle de l’eau. Elles favorisent l’infiltration et limitent le ruissellement et les inondations. Elles constituent des îlots de fraîcheur en période de canicule. Les ruisseaux et les rivières forment des corridors verts qui conservent la fraîcheur grâce à l’évapotranspiration des arbres riverains. En préservant les zones humides, petites ou grandes, et en créant une mare naturelle chez vous, vous permettez à la faune de survivre lors des épisodes de sécheresse.

Voir le geste Refuge « Je récupère l’eau et dispose des points d’eau pour la faune »

Mare naturelle et iris des marais © Nicolas Macaire

Mare naturelle et iris des marais © Nicolas Macaire

Action #6 Je récupère l’eau de pluie pour arroser

Rien n’est mieux qu’une citerne de récupération d’eau pluie pour arroser le jardin, le potager, les fleurs, alimenter une petite mare ou les abreuvoirs des oiseaux. L’eau de pluie n’est pas traitée, elle ne contient pas de chlore et que très peu de calcaire, c’est une eau pure. L’eau de pluie ne fait pas fonctionner les stations de traitement des eaux et économise l’énergie électrique nécessaire à l’acheminement de l’eau. L’eau ainsi récupérée ne contribue donc pas à émettre du carbone.

Action #7 Je composte les déchets verts

Recycler ses déchets verts dans son composteur de jardin est un bienfait à la nature et à la planète. Les végétaux et les légumes se dégradent localement sans être transportés par camion, et sans rentrer dans le circuit d’incinération d’une déchetterie plus émettrice de CO2. La dégradation naturelle des déchets verts favorise la biodiversité au jardin en réamorçant les chaînes alimentaires faisant intervenir les bactéries, les champignons, les invertébrés, les vers de terre du sol…

Voir le geste Refuge « Je transforme mes déchets organiques en compost »

Utiliser du terreau produit localement dans son jardin réduit les émissions de CO2 © Nicolas Macaire

Utiliser du terreau produit localement dans son jardin réduit les émissions de CO2 © Nicolas Macaire

Action #8 Je réduis mon empreinte carbone dès que c’est possible

En choisissant des outils manuels de jardin plutôt qu’à moteur, vous économisez les énergies fossiles : sur une petite surface, utilisez de préférence une tondeuse à main plutôt qu’à essence, privilégiez les cisailles à la place du taille-haie électrique, le râteau à feuilles à la place du souffleur électrique. De même, lorsque vous choisissez des outils neufs en jardinerie, veillez à limiter les achats de plastique et à privilégier les outils constitués avec un manche en bois ou en métal. Bannissez les produits fabriqués loin à l’étranger, qui engendre de grosses consommations d’énergies fossiles très émettrices de CO2 et préférez ceux fabriqués localement en France ou en Europe.

Etourneaux sansonnets (Sturnus vulgaris) et neige © Joël Huet

Etourneaux sansonnets (Sturnus vulgaris) et neige © Joël Huet

Pour conclure

Toutes ces actions préservent la nature près de chez vous et font appel à elle en tant que solution face aux dérèglements climatiques.  Tout le monde peut les mettre en place et agir ainsi à son niveau et selon ses moyens. 

Face aux dérèglements climatiques, les solutions sont aussi dans les écosystèmes proches de nous : une question citoyenne plus que jamais d’actualité, alors jardinons avec la nature !

dernière mise à jour : 6 février 2024